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Transition(s) dans et pour les centres de Langues et de ressources en Langues

23 novembre 2023 @ 13h30 - 25 novembre 2023 @ 12h30

Lors du congrès 2022 dont la thématique portait sur l’avenir des Centres de Langues (CL) et Centre de Ressources en Langues (CRL) ainsi que leur place dans les politiques linguistiques des établissements d’enseignement supérieur, la question de la transition ou des transition(s) s’est posée. L’édition 2023 du Congrès Ranacles s’intéressera donc plus particulièrement à cette notion dans sa complexité en didactique des langues-cultures.

La transition se définit comme le “passage d’un état à un autre”1 impliquant un avant et un après, ainsi qu’un évènement déclencheur. Pouvant être fluide ou brutale, la transition est un processus dynamique qui peut s’apparenter à une rupture et être plus ou moins acceptable. Toutefois, d’un point de vue philosophique, “la transition est d’abord l’imagination d’autres possibles” (Chabot, 2015).

Dans le champ de la didactique des langues, il peut s’agir de s’intéresser aux dispositifs pédagogiques propices à une transition vers de nouvelles opportunités d’enseignement- apprentissage des langues, aux accompagnements possibles dans la transition et aux stratégies de bricolage des enseignants (à l’instar de ce qui a été vécu à l’école, cf. Boudokhane-Lima et Al., 2021) comme des apprenants, avec le développement de nouvelles postures.

Il sera également intéressant d’aborder l’acceptation (Tricot et al. 2003) et la gestion de l’urgence face à des déclencheurs subis en raison de la temporalité du changement et/ou de l’écart entre les caractéristiques de la situation passée et celle de la situation à accepter. Cela peut concerner les situations où les apprenants de langue se trouvent empêchés géographiquement ou par des contraintes techniques. De récentes publications abordent les conséquences des adaptations rendues nécessaires par les pandémies COVID, tant sur le contenu des cours que sur les modalités d’enseignement-apprentissage (de Céglie, 2021, Guillaume, 2021).

En revanche, la question des caractéristiques de la transition entre les situations d’enseignement-apprentissage avant et après la pandémie est moins analysée. Il s’agirait de se concentrer sur ce que cette situation-problème a fait émerger et qui a généré des pratiques devenues pérennes (recours à des outils numériques, par exemple). Plus généralement, il pourra également s’agir d’étudier l’évolution des pratiques enseignantes imposées par les décisions et directives institutionnelles ou ministérielles (organisation temporelle et matérielle, public à accueillir, création de contenus spécifiques, mise en place de partenariat, etc.

Vers le renforcement et l’émergence de formats d’enseignement

La transition pourra être abordée sur le plan de l’ingénierie pédagogique en tant qu’adaptation nécessaire face à l’évolution des curricula, aux contraintes propres à l’offre de formation ou aux caractéristiques des apprenants/publics (travailleurs, DU disciplinaires, DU Passerelles, etc.), aux nouveaux temps de présence à l’université, à l’organisation des activités d’apprentissage et l’impact sur les emplois du temps et la gestion des locaux, etc. En découle la remise en question de nos valeurs et représentations face à des éléments déclencheurs qui bousculent nos repères habituels et nous amènent aussi à élargir nos pratiques de classe pour favoriser l’apprentissage. Ces préconisations données par l’enseignant peuvent être au niveau de l’investissement de l’environnement universitaire (tiers-lieux, centre de ressources, etc.) et social (Grassin, 2020) et du recours aux dispositifs complémentaires à disposition (ateliers de conversation, enquêtes, etc.) qui vont élargir l’espace d’apprentissage. Cela soulève d’une part la question de la porosité entre le formel et l’informel (Babault et al., 2022). D’autre part, cela met en évidence la nécessité d’accompagner l’apprenant dans ses usages du numérique, par le biais d’une ingénierie “non prescriptive” (Peraya et Peltier, 2020), “dispositive” (Caron, 2020) afin de lui laisser une voie possible pour une appropriation créative, inspirée et agentive. L’action de l’enseignant de langue s’inscrit également dans une transition entre le monde universitaire et le monde du travail cible avec un développement de l’agir professionnel, tant sur le plan linguistique que pragmatique en introduisant les compétences socio-langagières appropriées et le développement des connaissances et compétences propres au domaine.

Une transition vers l’élargissement des pratiques d’apprentissage

Approcher la notion de transition en lien avec une didactique des langues et cultures ancrée dans son temps, c’est nécessairement trouver ou examiner des pratiques qui « élargissent l’espace d’apprentissage à des situations qui se trouvent hors de la salle de classe ou ne se déroulent pas nécessairement en face à face avec un enseignant » (Babault et al., ibid). Il pourra alors s’agir de questionner l’investissement de certains lieux (tiers-lieux à l’université, centre de ressources en langues, environnement homoglotte, etc.) et/ou de certains outils numériques (plateformes, applications, etc.) ou non à l’initiative de l’apprenant. Par ailleurs, il sera également intéressant d’aborder l’accompagnement de l’apprentissage en lien avec l’individualisation / la différenciation et les aides que l’institution peut proposer selon les parcours, projets et trajectoires des apprenants “dont les rythmes sont de plus en plus individuels et déphasés les uns des autres” (Pierre & Sauquet, 2022, , p.31).

Sera également examinée la transition entre les langues au service de la construction plurilingue des individus, avec l’intégration de modules d’intercompréhension et la place accordée à la langue maternelle comme langue de médiation dans les textes officiels.

Transition en didactique des langues au regard de la transition écologique

Considérer l’enseignement-apprentissage des langues et des cultures au sein d’une société en mutation, c’est également introduire des questions vives au sein des contenus pédagogiques, mais également dans le format même des cours. C’est ainsi que la sensibilisation aux enjeux de la transition écologique, souhaitée par la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, trouve sa place au sein des cours de langues (au travers de scénarios pédagogiques thématiques par exemple), mais également dans l’offre de formation comme cours à part entière impliquant parfois un co-enseignement entre un enseignant du domaine et un enseignant de langue, la langue étant alors outil de communication (ex. INSA Lyon). La transition écologique amène également tout un chacun à questionner les modalités d’enseignement-apprentissage avec une utilisation raisonnée des documents papiers et une montée en puissance du recours au numérique. Sur ce point, l’expérience de formation hybride à distance renvoie à une responsabilité à la fois environnementale et sociétale. Appréhendés comme leviers de transformation, les outils numériques peuvent contribuer directement à cette démarche de transformation des pratiques et de développement de dispositifs centrés sur les apprenants dans lesquelles les universités se sont engagées. Il s’agit toutefois d’en identifier les limites au-delà des représentations et d’essayer d’en avoir une utilisation raisonnée

Ce congrès 2023 sera donc l’occasion d’aborder cette dynamique transformative au travers des quatre axes suivants :

– axe 1 : Dans quelles mesures l’évolution du cadre de travail amène les enseignants en centre de (ressources en) langues à renforcer/diversifier leurs formats d’enseignement ou/et à laisser place à l’émergence d’autres formats ? Comment les enseignements dispensés sur ces terrains s’inscrivent dans une transition vers l’autonomie de l’apprenant et la vie professionnelle? Comment l’institution accompagne les enseignants dans leur travail de formateurs en langues face à des besoins graduellement nouveaux?

– axe 2 : Dans quelle(s) transition(s) les apprenants de langues se trouvent-ils ? Ces transitions sont-elles à leur initiative ou induites par l’action de l’enseignant ? Vont- elles vers un élargissement des pratiques d’apprentissage, un enrichissement linguistique et/ou une approche de leur environnement socio-culturel?

– axe 3 : Comment les enjeux pédagogiques et écologiques donnent lieu à une ou des transition(s) en didactique des langues tant au niveau du contenu des cours qu’au niveau des formats? Enseignants et apprenants sont-ils devenus co-acteurs de cette transition pédagogique ?

– axe 4 : Cet axe permettra d’accueillir des propositions originales concernant la/les transition(s) dans les pratiques au sein des Centre de Langues et Centre de Ressources en Langues.

Les propositions de communication, en français ou en anglais, pourront s’inscrire dans l’un des quatre axes et prendront la forme d’un résumé de 250 à 300 mots (hors références bibliographiques) et seront accompagnées de 2 à 5  mots clés. Elles devront être déposées sur le site du Congrès avant le  8 septembre 2023 https://ranacles2023.sciencesconf.org/

Les inscriptions au Congrès ouvriront le 1er mai 2023 et 4 bourses RANACLES seront offertes aux participants qui n’auraient pas de financement dans leur établissement et qui répondent aux critères décrits sur le site.

Références

Boudokhane-Lima, F, Felio, C., Lheureux, F. et Kubiszewski, V., (2021). “L’enseignement à distance durant la crise sanitaire de la Covid-19 : le faire face des enseignants en période de confinement “, Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 22 | 2021, mis en ligne le 01 mai 2021, consulté le 05 mars 2023. URL : http://journals.openedition.org/rfsic/11109 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rfsic.11109

Caron, P.-A. (2020). “Ingénierie dispositive et enseignement à distance au temps de la COVID 19“, Distances et médiations des savoirs [En ligne], 30 | 2020, mis en ligne le 25 juin 2020, consulté le 06 mars 2023. URL : http://journals.openedition.org/dms/5211 ; DOI : https://doi.org/10.4000/dms.5211

Coquilhat, J.-C. (2022). « Discontinuité entre recherche et pratique en didactique des langues : une vulgarisation dangereuse ? », Éclats [En ligne], 2 | 2022, mis en ligne le 15 décembre 2022, consulté le 25 février 2023. URL : https://preo.u-bourgogne.fr/eclats/index.php?id=264

De Ceglie A, Agostinelli S., Chollet A. et Pélissier C. (2021). « La ‘‘pédagogie de crise’’ installe la transition numérique », actes de la 16°Conférence internationale EUTIC 2020 : Les Défis de la transition numérique, Bruxelles, Belgique, 20-21 mai 2021.

Grassin, J-F. (2020). Dresser une cartographie d’événements informels d’apprentissage d’étudiants internationaux en séjour d’étude : une approche socio-spatiale de l’apprentissage des langues. Le Français dans le monde. Recherches et applications, Mobilités contemporaines et médiations didactiques, 68. ⟨hal-02382426⟩

Guillaume, A. (dir.) (2021). Confinement et enseignement-apprentissage des langues – 1. Confinement et langues : choc collectif et solutions, Les Langues Modernes n° 4/2021.

Guichon, N., Grassin, J.-F., Mathian, H. et Cunty, C. (2022). “Représentations du processus d’inscription dans le territoire des étudiants chinois pendant leur séjour en France”. Louise Ouvrard, Catherine Brumelot. Numérique et didactique des langues et cultures, Editions des archives contemporaines, pp.1-22, 9782813004109. ⟨10.17184/eac.5760⟩. ⟨hal-03910563⟩ https://hal.science/hal-03910563/

Guichon, N. (2015). “Quelle transition numérique pour les étudiants internationaux ? “, Alsic [En ligne], Vol. 18, n° 1 | 2015, mis en ligne le 20 avril 2015, consulté le 25 février 2023. URL : http://journals.openedition.org/alsic/2793 ; DOI : https://doi.org/10.4000/alsic.2793

Peraya, D. & Peltier, C. (2020). “Ingénierie pédagogique : vingt fois sur le métier remettons notre ouvrage…”. Distances et médiations des savoirs, 29.

Piaget, J. (1947). La psychologie de l’intelligence (édition 2012.). Paris: Armand Colin.

Pierre, P. & Sauquet, M. (2022). L’archipel humain – Vivre la rencontre interculturelle de Philippe Pierre – Éditeur Mayer (Charles Léopold)/ECLM

Tricot, A., Plégat-Soutjis, F., Camps, J.-F., Amiel A., Lutz, G. & Morcillo, A. (2003, April). Utilité, utilisabilité, acceptabilité : interpréter les relations entre trois dimensions de ‘évaluation des EIAH. In Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain 2003 (pp. 391-402). ATIEF; INRP.

« Sensibiliser et former aux enjeux de la transition écologique et du développement durable dans l’enseignement supérieur » de Jean Jouzel https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/remise-du-rapport-sensibiliser-et- former-aux-enjeux-de-la-transition-ecologique-et-du-developpement-83903

Transition écologique : la ministre de l’Enseignement supérieur veut former tous les étudiants d’ici 2025 https://www.francetvinfo.fr/societe/education/transition-ecologique-la-ministre-de- enseignement-superieur-veut-former-tous-les-etudiants-dici-2025_5430004.html

Détails

Début :
23 novembre 2023 @ 13h30
Fin :
25 novembre 2023 @ 12h30
Catégories d’Évènement:
,
Site :
https://ranacles2023.sciencesconf.org/

Lieu

Lyon

Organisateur

Ranacles
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