Organisateur(s)
Association « Biennale internationale de l’éducation, de la formation et des pratiques
professionnelles » ; Chaire de l’UNESCO en formation professionnelle, construction personnelle, transformations sociales ; ICP : Institut catholique de Paris.
Sous le titre « Faire et se faire », la Biennale de l’Éducation, de la Formation et des Pratiques Professionnelles 2021 donne à voir des recherches et expériences liant délibérément l’approche de ‘ce qui se passe’ du côté de la construction des sujets en activité, et ‘ce qui se passe’ du côté de la construction de leurs activités. Nous faisons l’hypothèse que ces transformations sont largement conjointes et peuvent être « silencieuses ».
On s’intéressera en particulier à la construction des expériences, des gestes, des arts de faire, des performations, des habitudes d’activité, des tours de main, de toutes les formes d’apprentissages par et dans l’action, et, plus largement à la construction des identités dans et par les champs de pratiques. Les expériences et les recherches présentées ou invitées pourront sur le plan professionnel relever de tous les ‘métiers de l’humain’, et sur le plan disciplinaire des sciences de l’éducation, des sciences de l’information et de la communication, de la psychosociologie, de la psychologie et de la sociologie clinique, des sciences des activités physiques et sportives, des sciences de gestion, des travaux philosophiques centrée sur les champs de pratiques
Comment se construisent ces transformations simultanées ? quelles approches pouvons-nous en avoir ? Que pouvons-nous en dire ?
Question principale
L’activité humaine c’est ce que le sujet fait au monde, et ce qu’il se fait en faisant, en interaction avec les autres.
Cette intuition de chaque jour et depuis des temps immémoriaux, parce que liée à l’expérience même de la vie, est néanmoins confrontée dans le discours social à une double croyance, portée notamment par le paradigme théorie/pratique :
– croyance que ce sont les êtres humains qui ‘font’ leurs activités, à la différence d’une perspective de pensée sensible à la construction conjointe des activités et des êtres humains par et dans leurs activités
– croyance que ce que font les êtres humains est la réalisation de ce qu’ils ont eu l’idée de faire, à la différence d’une approche en termes d’émergence et de construction progressive tant des activités que des sujets.
Paradoxalement, la pression sociale contemporaine que constitue l’« injonction de subjectivité » en même temps que les « pertes de sens » dont beaucoup se plaignent dans l’existence, nous invitent à nous réinterroger sur les grilles habituelles de lecture des rapports entre sujets et activités dans l’éducation, dans la vie professionnelle, sociale, intellectuelle. Cette interrogation est aussi une exigence éthique : l’art de faire est aussi un art de se faire.
C’est à quoi nous invite cette onzième édition de la Biennale Internationale de l’Éducation, de la Formation et des Pratiques Professionnelles.
Enjeux éducatifs
S’interroger ainsi sur les rapports entre faire et se faire, c’est par exemple s’interroger, à partir de l’expérience et de la recherche, sur le statut donné à un certain nombre de pratiques éducatives anciennes et nouvelles, fondées sur une distinction théorie/pratique :
Enjeux de construction identitaire
S’interroger sur les rapports entre faire et se faire, c’est également s’interroger sur toutes les pratiques finalisées par la construction des individus et des groupes dans les différents espaces où ils agissent.
Se trouve posée la question de l’expérience définissable comme une transformation conjointe et du sujet et de son activité.
Se trouve également posée la question de l’alternance qui manifeste de la part de ses promoteurs à la fois intention d’agir sur la construction/intégration de plusieurs identités scolaire/ professionnelle/sociale, et ignorance relative de ce qu’elle produit en fait, tant il est vrai que c’est le sujet alternant qui fait l’alternance.
Se trouve encore posée la question de l’évolution professionnelle, et de la mobilité, postulée comme essentiellement dépendante du sujet (injonction à se construire) et pouvant donc donner lieu à ‘conseil’ (en ‘évolution’), mais qui ne peut être approchée en fait qu’en termes d’itinéraire et en rien de résultat d’action. Le travail intermittent en est un exemple.
Enjeux pensée-action
Quels cadres utiliser pour aborder plus généralement les liens entre développement de l’activité et développement des sujets en activité ? Cette question est approchée aussi bien par la théorie de l’activité, la conduite de l’action, que par la théorie de la personnalité.
Se pose ainsi la question de l’engagement dans l’action qui cumule représentation de l’action et représentation de soi dans l’action.
La question de la création, qui peut être définie comme une transformation conjointe à la fois des produits de l’activité, de l’activité elle-même et des sujets en activité.
Le concept de ‘moi’ qui peut être considéré comme représentation de soi pour soi, et le concept de ‘je’, qui peut être considéré comme représentation de soi donnée à autrui, engagent tous les deux le rapport entre l’être humain et sa propre activité. La question du concept de ‘sujet’, tantôt considéré comme cause de ses propres actes, tantôt considéré comme unité d’engagement d’activité. Les cultures relatives aux rapports entre pensée et action sont traversées par les rapports sociaux : faire, ne pas faire, laisser faire : autant de modes de faire ; et ce n’est pas le même ‘faire’, ni le même ‘se faire’ qui sont valorisés selon la place sociale que l’on occupe.
Bref un enjeu anthropologique.