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Phrase, phrasé, rythme en enseignement et en recherche : penser/expérimenter le continu du discours

24 septembre 2021 @ 9h00 - 17h00

UFR SLHS, campus Mégevand, Besançon

 

Le continu du discours, en classe comme en théorie

Cette journée d’étude interdisciplinaire se propose d’interroger enseignants, doctorants, chercheurs en lettres/littérature, didactiques du français/des langues ou sciences du langage, sur leurs manières d’appréhender le continu du discours (Dessons, 1997, 2005) dans les situations usuelles d’enseignement et de communication scientifique. On peut entendre par continu discursif l’organisation de la parole dans le discours – une organisation qui obéirait à un principe de « réaction en chaîne » (Meschonnic, 2008 : 11). Les théories linguistiques, les apprentissages langagiers, les interactions verbales du quotidien et même les arts de la parole participent d’un compartimentage du continu discursif (prosodie/syntaxe, oral/écrit, texte/voix, norme/variation, langue/culture, etc.). L’étude du langage – au sens large – se trouve ainsi placée sous l’autorité de discontinuités théoriques, disciplinaires et pédagogiques qui présentent toujours le risque d’affaiblir l’écoute du dire – quand bien même la pluralité des points de vue sur le discours serait nécessaire en enseignement et en recherche. On rappellera, avec S. Martin (2010 : 116), que « l’attention au dire est l’attention au rythme, à la relation, au sujet dans et par la voix ». C’est bien cette attention à toutes les historicités du dire, à tout un faire langage (Mouginot, 2018), qui constitue la proposition de départ de cette JE : penser/expérimenter le continu discursif, c’est interroger en même temps la signifiance, le corps-langage ou encore la transsubjectivité des œuvres de parole et de la parole à l’œuvre.

Cette JE fait suite à une séance de séminaire organisée en mars 2021 autour de l’attelage notionnel phrase-phrasé. Tout en gardant les notions de phrase – comme « unité du discours » (Benveniste, 1966 : 130) – et de phrasé – comme catégorie de la poétique contemporaine (Dessons, 1997 ; Bernadet, 2019), on souhaiterait solliciter ici le continu discursif en ajoutant une nouvelle entrée critique, le rythme.

Il est fréquent que le continu discursif prenne l’apparence d’un problème pour tout enseignement touchant de près l’écriture et/ou l’oralité, à l’École comme à l’Université. D’où cette proposition d’enquête collective sur les moyens (conceptions, catégorisations, expérimentations) à disposition des enseignants, chercheurs, artistes et autres praticiens (animateurs d’atelier d’écriture par exemple) pour faire avec le continu discursif dans toute son amplitude anthropologique (Meschonnic, 1982).

Si une partie du problème réside peut-être dans la profusion et la séparation des savoirs savants (linguistique, prosodie, analyse de discours, stylistique, etc.), la difficulté à préserver une attention forte au continu de langage apparait clairement quand il s’agit de proposer aux élèves[1]apprenants-étudiants des expériences langagières (lectures, écritures, oralisations, réénonciations, etc.) ou plutôt ce que S. Martin (2005 et 2017) appelle précisément des « passages » et « essais de voix » en situation d’enseignement-apprentissage. Quelle que soit la nature des ressources langagières-culturelles étudiées et des savoirs à enseigner, faire lire et écrire, écouter et dire, observer et réfléchir, revient souvent, du point de vue des interactions de classe, à donner des instructions, expliciter des attentes, produire des retours, modéliser une part intangible de l’activité discursive – soit un ensemble d’échanges à teneur métalinguistique qui conduisent chaque intervenant à produire une théorie du langage personnelle. En ce sens, chaque leçon de grammaire, chaque découverte d’un texte littéraire, chaque cours de langue est dans le même temps un atelier du discours, qu’il s’agirait d’expliciter à l’occasion de cette JE.

Enseigner avec la poétique ?

Priorité serait donnée aux repérages d’abord empiriques de ce qui fait le continu discursif dans les pratiques de transmission, cela à partir d’un corpus de ressources et d’activités langagières pouvant tout à fait déborder le champ littéraire. La mise en avant de la poétique comme arrière[1]plan disciplinaire et bibliographique de la présente JE correspond davantage au souhait d’éviter toute dualité entre langage ordinaire et discours littéraire – et donc entre théories du discours et de la littérature. On entendra ici par poétique la « tentative indéfiniment engagée et à poursuivre de comprendre ce que fait la littérature, ce que fait un acte de littérature comme on dit un acte de langage » (Meschonnic, 2001 : 40). Aussi rien n’empêche de regarder justement chaque fait de langage à la manière heuristique de la poétique, soit une attention au continu de la parole dans le langage. Dans le même temps, on n’oubliera pas que, tout comme « la phrase parlée préexiste à la grammaire » (Dessons, 1997 : 46), le continu discursif préexiste lui aussi à toute linguistique, toute rhétorique, toute poétique ! On peut alors aller à le vérifier dans tout essai de subjectivation langagière – postulat à partir duquel il est possible d’imaginer des initiatives de transmission s’écartant, au moins provisoirement, de conceptions du langage et de prescriptions méthodologiques conventionnelles.

Axes privilégiés des communications :

On invite enseignants, chercheurs et praticiens à partager leurs interrogations sur les points suivants :

– Les difficultés rencontrées en situation d’enseignement ou de recherche pour évoquer le continu discursif, lequel peut nécessiter de se défaire des catégories de langue ou du discours pour installer des catégories de l’expérience du dire – tout procédé descriptif à la fois plus critique et plus pratique au moment de parler-lire-écrire le dire en classe.

– Les précautions épistémologiques ou méthodologiques employées pour introduire auprès des élèves-apprenants-étudiants des conceptions de la parole moins usitées et/ou normatives.

– Les modalités d’observation et d’appropriation de l’activité énonciative comme invention d’une « relation discursive » (Benveniste, 1974 : 85).

– Les expériences de subjectivation dans et par la voix invitant les élèves-apprenants-étudiants à éprouver et mettre à l’épreuve le continu discursif.

– Le recours, dans certaines classes/cours/séminaires, à la poétique et aux littératures entrevues comme ensembles de savoirs, expériences et enjeux de langage.

En conclusion de cet appel, on insistera sur l’importance de s’intéresser aux dimensions expérientielles du langage en soulignant leur rôle dans le processus de subjectivation du discours – « le langage est indissociablement du sens et du corps » (Dessons, 1997 : 49-50). Il s’agira alors de penser les notions de phrase-phrasé-rythme comme des leviers critiques de reconceptualisation en didactiques. On gardera toutefois à l’esprit que ce qui importe le plus au-delà des terminologies et des approches, c’est bien la reconnaissance d’espaces d’« inconnaissance » (Bernadet, 2012), espaces à la fois théorique et méthodologique qui font autant la recherche que l’enseignement.

Intervenant invité : Serge Martin, professeur émérite des universités, THALIM et DILTEC, Sorbonne nouvelle. Dernier ouvrage paru : Rythmes amoureux. Corps, langage, poème (Otrante, 2020).

Soumission des propositions de communication :

La durée de chaque communication orale sera de 20 minutes + 10 minutes d’échanges.

Envoyer votre proposition de communication (titre et résumé d’environ 2500 signes espaces compris, accompagnés d’une brève notice biographique comportant les renseignements suivants : statut, affiliation et coordonnées + bibliographie indicative) avant le 5 juillet 2021 à l’adresse suivante : olivier.mouginot@univ-fcomte.fr

Détails

Date :
24 septembre 2021
Heure :
9h00 - 17h00
Catégorie d’Évènement:

Lieu

Besançon