Ce numéro de Recherche et pratiques pédagogiques en langues se propose de réfléchir à toutes les formes de ruptures de cadres dans l’apprentissage et l’enseignement des langues. Il s’inscrit dans la lignée de la XXX è édition du congrès Ranacles qui s’est tenue à l’université de Rouen Normandie du 28 au 30 novembre 2024 et dans celle du numéro des cahiers de l’ACEDLE paru en 2022, coordonné par S. Babault, M. Grabowska, A. Rivens-Monpean.
Ce dernier proposait de « faire un point sur l’état des connaissances à ce jour concernant l’apprentissage informel mais également à problématiser les liens qui peuvent être faits entre apprentissage formels et informels dans le domaine des langues, notamment dans la perspective d’une exploitation didactique de l’informel ». Le présent numéro propose d’explorer les sorties de cadres et plus précisément la manière dont ces derniers peuvent voler en éclat. Quelles expériences, quelles sorties de cadre, quels effets et quelles notions permettent d’en rendre compte ?
On peut entendre le « cadre » comme tout ce qui relève du prévisible, du contrôlé et du programmé dans l’enseignement et apprentissage des langues, que ce soit les programmes ou référentiels formulés à un niveau institutionnel (établissement, national, supranational…) ou l’action pédagogique, au sein des classes, à travers des objectifs, méthodes, activités envisagées. « Sortir du cadre », que ce soit volontairement ou involontairement, fait ainsi jaillir l’imprévisible, l’impensé, l’instable, l’incontrôlable, l’expérimentation et participe à interroger le cadre, le mettre en cause, l’éclater, le renouveler. Depuis la parution du numéro en 2022, la didactique des langues est mise face à de nouveaux enjeux et à de nouveaux défis. D’un côté, sur le plan sociétal, l’émergence soudaine de l’IA dans nos sociétés remet en question nos rapports aux savoirs, aux apprentissages et aux pratiques langagières. Elle est porteuse de nombreuses incertitudes en ce qui concerne ses usages. Comment perturbe-t-elle nos cadres de référence de l’enseignement et de l’apprentissage des langues ? Comment envisager ses usages hors cadre, parfois intempestifs, et les articuler aux pratiques institutionnalisées ? En quoi bouleverse-t-elle notre rapport à l’enseignement et aux apprentissages ? En quoi met-elle en danger ou soutient-elle le métier d’enseignant de langue ?
De manière plus générale, comment les outils numériques et leurs développements modifient-ils les manières d’enseigner et d’apprendre ? D’un autre côté, sur le spectre opposé à une conception uniquement technologique de l’enseignement et de l’apprentissage des langues, la didactique des langues est interpellée par une réflexion de plus en plus présente sur l’appropriation, les imaginaires et les émotions (Castellotti, 2017), qui met elle aussi à mal les cadres existants et invite à les repenser en les ouvrant à l’imprévisibilité et à la diversité des sujets apprenants.
Ce numéro propose de poursuivre la réflexion sur l’articulation entre le formel et l’informel, au regard de nouveaux enjeux sociétaux et formatifs, mais aussi d’en interroger les tensions et l’éclatement des cadres en didactique des langues.
Le numéro porte ainsi sur différentes méthodologies et sur différentes pratiques “hors cadres” dans l’enseignement et l’apprentissage des langues en en interrogeant les apports et les limites, l’intérêt, voire la nécessité, l’engagement des apprenants, les postures enseignantes de contrôle et de lâcher prise, les processus de visibilisation ou d’invisibilisation des compétences, des émotions, des identités… Par quelles pratiques et quels dispositifs tenir compte du hors cadre que constituent, notamment, les nouvelles technologies et leur développement rapide, mais aussi des résistances ou des injonctions diverses au « hors cadre » (innovations, nouvelles technologies…), parfois paradoxales quand elles émanent « du cadre », des institutions de formation ?
Comment ces dernières (centres de langues ; établissements scolaires et universitaire ; associations…) encouragent-elles ces pratiques et ces dispositifs ou les cadrent-elles ? Le numéro invite aussi à des réflexions épistémologiques sur des notions comme le prévisible / l’imprévisible ; l’explicite / l’implicite ; le déviant / le non déviant ; le légitime / l’illégitime ; le pensé / l’impensé ; le rassurant / l’inquiétant… et les processus qui les sous-tendent (idéologies, politiques linguistiques et éducatives, cultures didactiques…) et sur tout ce qui vient perturber, inquiéter nos cadres et les renouveler.
Les contributions pourront porter sur les axes suivants :
Axe 1 – pédagogie : pratiques et retours d’expériences “hors cadre” dans l’enseignement et l’apprentissage, accompagnement des apprenants ; innovations et risques ; rôle et positionnement des apprenants, des experts, des enseignants par rapport au hors cadre…
Axe 2 – dispositifs : mise en place et suivi d’initiatives novatrices sur le plan institutionnel, qui modifient les contours des cadres préétablis (centres de langue, cadres scolaires, …
Axe 3 – épistémologie : renouvellement des questions “hors cadre” en didactique et recherche en science de l’éducation et dans l’enseignement (LANSAD, FLE …)
Références bibliographiques
Babault, S., Grabowska, M., & Rivens Mompean, A. (dir.). (2022). Apprentissages formels et informels des langues : quelles articulations ? Les cahiers de l’ACEDLE, 20(1).
Castellotti, V. (2017). Pour une didactique de l’appropriation. Diversité, compréhension, relation. Didier.
1- Pour la présélection, les résumés de 500 mots maximum (hors références bibliographique), rédigés en français et en anglais, comporteront un titre et seront accompagnés de mots-clefs (8 au maximum), en français et en anglais. L’auteur indiquera clairement l’axe visé et le type de contribution envisagée (point 2 ci-dessous).
Les résumés devront être transmis le 20 septembre 2025, en deux fichiers word : un fichier complètement anonyme (“ANO”) et un fichier comportant la mention des nom, prénom, institution, adresse électronique (“NOM”).
Merci d’adresser vos envois (« Proposition RPPL – NOM ») aux adresses suivantes :
laura.goudet[at]univ-rouen.fr ;
christel.troncy[at]univ-rouen.fr
2- Les contributions, rédigées en français ou en anglais, des auteurs dont les résumés ont été retenus (retour des évaluations aux auteurs le 15 octobre), pourront être :
a- des articles – 25 000 à 40 000 signes maximum (espaces non comprises), hors résumés et mots-clés ;
b- des notes de recherche – 10 000 à 20 000 signes maximum (espaces non comprises), hors résumés et mots-clés ;
c- des comptes rendus d’expérience sous forme de notes de pédagogie universitaire – 10 000 à 20 000 signes maximum (espaces non comprises), hors résumés et mots-clés ;
d- des fiches pédagogiques – 8 000 à 15 000 signes maximum (espaces non comprises), hors résumés et mots-clés ;
e- des recensions – 8 000 à 15 000 signes maximum (espaces non comprises).
Pour le résumé, comme pour la contribution, les auteurs se conformeront aux normes deprésentation qui se trouvent sur le site de la revue Recherche et pratiques pédagogiques en langues (RPPL) : https://journals.openedition.org/apliut/1524
Calendrier :
Date limite de soumission des propositions (résumés et axe) : 20 septembre 2025
Retour aux auteurs : 15 octobre 2025
Date limite d’envoi des articles (version 1) : 1er mars 2026
Parution : Second semestre 2026
Comité de coordination
Anglada Gspann Marie, Goudet Laura, Morel Julien, Troncy Christel