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Appels à contribution

Usages de la presse dans l’enseignement/apprentissage des langues – Date limite : 15 avril 2025

Les Langues Modernes, numéro coordonné par Caroline Peynaud et Julie Murat

Calendrier

Publication de l’appel à articles : mars 2025

Date limite de soumission de propositions d’article : 15 avril 2025

Réponses aux auteurs et autrices : 30 avril 2025

Envoi des articles à la rédactrice en chef et à la coordinatrice : 15 juillet 2025

Examen des articles par le comité de lecture des Langues Modernes : septembre 2025

Retour des articles finalisés après intégration des corrections demandées : 15 janvier 2026

Publication du numéro : mars 2026

Les propositions d’articles (3 000 signes espaces et bibliographie comprises, avec trois mots clés) sont à renvoyer à : Caroline Peynaud (coordinatrice du numéro) : caroline.peynaud@univ-grenoble-alpes.fr, Julie Murat (coordinatrice du numéro) : julie.murat@univ-tlse3.fr et Marie-Claire Lemarchand-Chauvin (Rédactrice en chef des Langues Modernes) : redaction.languesmodernes@gmail.com

En 2009, la revue Les Langues Modernes publiait un numéro thématique intitulé « Travailler avec la presse et les médias » qui se proposait de recenser les pratiques liées à l’usage de la presse dans l’enseignement des langues (en collège, au lycée, à l’université, en formation d’adultes, Hamez, 2009). Les contributeurs à ce numéro y décrivaient de nombreuses manières d’exploiter les documents de presse, par exemple, créer un journal, extraire la terminologie ou encore, mieux comprendre les genres médiatiques. Plus de quinze ans plus tard, plusieurs constats nous encouragent à réexaminer et à approfondir cette question et à nous interroger sur la place et la pertinence de la presse dans l’enseignement/apprentissage des langues aujourd’hui.

Tout d’abord, la presse écrite traditionnelle est en déclin dans la société actuelle, en particulier auprès des publics jeunes, qui lui préfèrent souvent les médias numériques proposant des contenus audiovisuels. Si la presse est sans aucun doute un discours familier pour de nombreux enseignants (Crosnier, 2002, p. 5), elle ne l’est pas nécessairement pour les apprenants, en particulier les adolescents et les jeunes adultes, pour qui ce type de texte peut représenter une difficulté, être mal compris, voire susciter des réactions antagonistes. Il nous semble donc indispensable d’examiner la question des pratiques pédagogiques qui entourent la presse à la lumière des représentations préalables que les apprenants peuvent en avoir et de poser la question de leur pertinence et de leur possible revitalisation dans un contexte où ce type de média semble en perte de vitesse.

Lorsque l’on compare les pratiques pédagogiques de l’enseignement des langues dans le secondaire et dans le supérieur, on remarque un décalage dans l’usage de la presse écrite. D’après les programmes officiels, dans l’enseignement secondaire, la presse occupe une place réduite en classe de langues. Si elle est utile parmi d’autres documents authentiques qui peuvent être mis en regard, elle n’est que rarement utilisée comme document de travail principal. (Bulletin officiel de l’Éducation nationale, 2022, p. 11). En revanche, elle semble représenter un support beaucoup plus fréquent, voire par défaut, dans l’enseignement supérieur pour certains types d’exercices, notamment les enseignements de langue de spécialité, la traduction ou la civilisation. Cet usage accru dans l’enseignement supérieur ne va pourtant pas de soi dans un contexte où de nombreux enseignements de langue visent l’acquisition des discours spécialisés des domaines qui constituent les débouchés des formations des apprenants, notamment en secteur LANSAD ou en filière LEA. Le décalage entre l’exploitation de la presse dans l’enseignement secondaire et dans l’enseignement supérieur doit donc être interrogé. Il faut ajouter que les discours de presse sont souvent complexes et représentent des variétés spécialisées de la langue (Resche, 2013) respectant un certain format, des genres bien identifiés, avec des caractéristiques lexicales, phraséologiques, stylistiques (Peynaud, 2023) particulières. Ces spécificités en font un discours reconnaissable, mais aussi parfois difficile à aborder pour des apprenants de langue, notamment lorsqu’ils n’en maîtrisent pas les conventions. Par conséquent, il nous semble important de poser la question de la manière dont ces caractéristiques peuvent être exploitées dans différents contextes d’enseignement, notamment pour viser une meilleure compréhension des discours médiatiques en général.

Nous prenons ici en compte deux types de presse que nous appelons « presse grand public » : la presse généraliste et la presse « d’intérêt spécialisé » (Laffont et Petit, 2007), c’est-à-dire la presse de vulgarisation qui s’adresse à des lecteurs non spécialistes des questions abordées. Ces deux types de presse ont la spécificité d’être rédigées par des journalistes à destination d’un public large et, souvent, mal défini. À ce titre, ces deux types de presse sont représentatifs du discours journalistique, au contraire de la presse spécialisée, qui est souvent rédigée par des professionnels et qui représente donc des discours spécialisés divers, selon le domaine Ce numéro thématique se propose d’interroger la place de la presse grand public, presse écrite ou audiovisuelle, dans l’enseignement/apprentissage des langues dans différents contextes d’enseignement et pour différents types d’activités. Nous proposons d’aborder, non exclusivement, les pistes suivantes :

– Les apprenants actuels ont tendance à se désintéresser des médias traditionnels. Par conséquent, dans quelle mesure les supports de presse sont-ils encore pertinents dans le monde d’aujourd’hui ? Comment susciter l’engagement et la motivation des apprenants dans des apprentissages basés sur ces supports ? En quoi l’étude de la presse peut-elle être utile dans les formations d’aujourd’hui ?

– Les textes de presse peuvent sembler faciles d’accès mais ils ont des spécificités qui présentent des difficultés à la fois linguistiques et culturelles, difficultés qui peuvent également représenter une richesse dans certains contextes d’enseignement. Quelles activités sont pertinentes pour aborder ces textes de manière à les rendre accessibles pour des apprenants qui sont en cours d’apprentissage de la langue ? Comment exploiter les spécificités tant culturelles que linguistiques de ces discours ?

– La presse, en tant qu’elle est produite par des professionnels formés à construire ce type de discours (Peynaud, 2013), est un discours spécialisé. Que cherche-t-on à enseigner à l’aide de ce discours spécialisé ? Quelles compétences sont visées à travers la mobilisation de ce type de supports ?

– La notion d’authenticité doit également être interrogée. Les textes de presse grand public sont authentiques au sens où ils sont produits par des locuteurs natifs pour des situations qui ne relèvent pas de l’enseignement (Gilmore, 2007), mais leur exploitation en classe de langue compromet en réalité la valeur d’authenticité de ces documents (Duda & Tyne, 2010, p. 220) dans la mesure où elle est réalisée hors du contexte pour lequel ils ont été produits. Dans quelle mesure l’authenticité des discours de presse grand public est-elle utile ou exploitable en classe de langue ?

– La presse est fréquemment mobilisée comme support d’évaluation, lors des concours d’entrée aux grandes écoles, par exemple. En quoi ce support est-il pertinent ? Quelles compétences cherche-t-on à évaluer avec ce type de textes ?

– L’éducation aux médias est, enfin, un enjeu majeur dans la société actuelle, notamment l’identification des fausses informations, la capacité à porter un regard critique sur les informations diffusées et le développement de capacités d’analyse (Simons et al., 2020).

Comment utiliser la presse dans le but d’aborder les questions de media literacy en classe de langue ?

Les contributions attendues pourront relever à la fois de descriptifs de pratiques pédagogiques au cours desquelles la presse est mobilisée que de contributions plus théoriques sur l’enseignement-apprentissage des langues fondé sur la presse.

Références bibliographiques

Bulletin officiel de l’éducation nationale. Programme de langues vivantes de première et terminale générales et technologiques, enseignements commun et optionnel, 2022. https://eduscol.education.fr/document/24679/download

CROSNIER, Elisabeth. « De la contradiction dans la formation en anglais Langue Étrangère Appliquée (LEA) ». ASp, 35-36, 2002, p. 157-166. https://doi.org/10.4000/asp.1565

DUDA, Richard and Henry TYNE. « Authenticity and Autonomy in Language Learning » Bulletin suisse de linguistique appliquée, 92, 2010, p. 86-106.

GILMORE, Alex. « Authentic materials and authenticity in foreign language learning », Language Teaching, 40(2), 2007, p. 97-118. https://doi.org/10.1017/S0261444807004144

HAMEZ, Marie-Pascale. « Travailler avec la presse et les médias », Les Langues Modernes, Paris, APLV, 2009/2.

LAFFONT, Hélène et Michel PETIT. « Presse et anglais de spécialité : Quelque éléments de caractérisation de la presse professionnelle », Cahiers de l’APLIUT, XXVI(3), 2007, p. 26-41.

SIMONS, Mathea, Tom F.H. SMITS et Paul JANSSENSWILLEN. « Newspapers as teaching tools for media literacy education what makes teachers use newspapers in their classrooms? », Educational Media International, 2020, DOI: 10.1080/09523987.2020.1848510

PEYNAUD, Caroline. (2013). Contribution à la caractérisation de la presse écrite états- unienne de qualité comme domaine spécialisé : Milieu, culture et discours du New York Times et du Washington Post. Université Paris Sorbonne, 2013.

PEYNAUD, Caroline. (2023). « Normes discursives et styles individuels dans la presse des États-Unis », Études de stylistique anglaise, 2023, 17. https://doi.org/10.4000/esa.5115

RESCHE, Catherine. Economic terms and beyond : Capitalising on the wealth of notions, Peter Lang, 2013.