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Appels à contribution

Éduquer et former au plurilinguisme dans une dimension éthique – Date limite : 18 octobre 2024

Mélanges Crapel Numéro spécial 46/1 (Juillet 2025)

Numéro cordonné par :

Marie-Claire Lemarchand-Chauvin, Université de Lorraine, ATILF (UL/CNRS), UMR 7118

Véronique Lemoine-Bresson, Université de Lorraine, ATILF (UL/CNRS), UMR 7118

La nature multilingue et multiculturelle des classes en France et dans le monde est une réalité. En même temps, cette réalité s’inscrit dans des environnements et des contextes qui très souvent sont monolingues, comme c’est le cas en France. On sait à quel point dans l’histoire, l’éducation a contribué à éliminer de la salle de classe les langues autres que le français. Cette idéologie de politique linguistique a eu pour conséquence d’amener les enseignant·es à une centration sur la langue nationale, parfois exacerbée, et à traiter les élèves qui ne parlent pas le français par une  vision déficitaire, bien que celleux-ci aient parfois des compétences plurilingues (Lemoine- Bresson et Trémion, 2022). En recherche, et notamment depuis la mise en place du Cadre de  références pour les approches plurielles (CARAP) (Candelier et al., 2012), les deux dernières décennies ont été marquées par la remise en question des approches monolingues dans la classe qui laissent à la porte de l’école les langues des élèves parlées dans leur famille (Cummins, 2007).

Par ailleurs, les textes institutionnels de l’Éducation nationale ont un peu évolué. Ils sont à ce jour de meilleurs points d’appui pour revitaliser la présence et l’utilisation des langues des élèves en tant que répertoire disponible pour apprendre les connaissances académiques attendus par le système scolaire (Coste et al., 1997 ; Swain et Lapkin, 2013, Lemarchand-Chauvin, 2024 ; à paraître). Azaoui (2022) alerte la communauté scientifique sur la nécessité de mettre place une réflexion sur l’éthique de l’enseignement plurilingue. En effet, il souligne que si ces dernières décennies le domaine de l’éducation plurilingue a largement contribué à promouvoir une attitude positive envers la diversité linguistique, qu’elle soit associée à la migration ou non, l’enthousiasme suscité par ces initiatives a engendré ce qui pourrait être considéré comme un « dogme universel » (Castellotti, 2017, p. 100). L’idéologie monolingue est remise en question en suggérant implicitement un lien nécessaire entre le nombre de langues pratiquées et diverses autres compétences. Azaoui (2022) adopte une approche critique et réflexive envers ce domaine, mettant en avant la nécessité d’une « éthique de l’éducation plurilingue » (Azaoui, 2021, p. 62). Son approche vise à encourager la communauté scientifique à évaluer l’impact de ses discours afin d’éviter de réduire les élèves et les familles (allophones ou migrantes) à une réalité figée.

Le numéro spécial 46/1 de la revue Mélanges Crapel prolonge les réflexions d’un séminaire consacré à des réflexions sur une éthique du plurilinguisme, organisé au laboratoire ATILF à l’université de Lorraine, par Marie-Claire Lemarchand-Chauvin et Véronique Lemoine-Bresson. Brahim Azaoui, maître de conférences au LIRDEF à l’Université de Montpellier, en tant que conférencier invité a examiné ce que pourrait être une éthique de l’éducation plurilingue afin de promouvoir la reconnaissance des compétences plurilingues et pluriculturelles dans un cadre respectueux d’autrui, de ses choix, de sa relation à sa langue et de ses stratégies linguistiques et scolaires. Comment les professionnel·les de l’éducation et de la formation s’engagent-iels dans leurs pratiques pour reconnaître la complexité de chaque personne dans une relation d’altérité, afin de dépasser toute tendance à réifier le locuteur plurilingue ? Comment s’y prennent-iels pour que les apprenant·es elleux-mêmes s’engagent dans des situations didactiques qui visent cette reconnaissance ? Quels contenus de formation élaborent-iels en vue de répondre à ce même objectif ? Quels supports et quels outils permettent la reconnaissance du sujet pluriel d’un point de vue linguistique et culturel ?

Ce numéro des Mélanges CRAPEL attend des contributions venant de professionnel·les de l’éducation et de la formation de diverses structures. Il peut s’agir sans exhaustivité, d’enseignant·es, de formateur·ices, d’éducateur·ices, etc travaillant dans des structures publiques ou privées, dans différentes zones géographiques.

Le présent numéro suggère les trois axes suivants, de manière non exclusive, et non exhaustive.

Le premier axe permet d’interroger la posture des acteur·ices dans des situations didactiques que les professionnel·les ou les apprenant·es investissent.

Le deuxième axe s’intéresse aux contenus et supports de formation mis à l’épreuve d’un terrain dans des dispositifs de formation.

Enfin, le troisième axe attend des comptes rendus et analyses d’expériences pédagogiques de terrain. Il est attendu que les expériences de terrain soient problématisées à partir d’un aspect théorique et/ou méthodologique.

Calendrier :

Date de diffusion de l’appel : 01 juillet 2024

Date de premier retour attendu des articles : 18 octobre 2024

Date du retour des évaluations : 20 décembre 2024

Date retour des articles révisés : 21 février 2025

Date de publication : 01 juillet 2025