49e CONGRÈS de l’UPLEGESS
du 15 au 18 juin 2022 à l’École nationale des Arts et Métiers (ENSAM) d’Aix-en-Provence
Les enjeux du discours dans l’apprentissage des langues et cultures : de l’implicite à l’explicite
Appel à communications
L’implicite est un enjeu fondamental dans la compétence discursive. Dans une conversation, le récepteur est obligé de compléter des informations sur ce que son interlocuteur exprime sans le dire, ce qui manque et qu’il faut rendre explicite. La communication de tous les jours est remplie de ces non-dits : des présupposés qui cachent des informations essentielles et des sous-entendus qui exigent un calcul d’intentions (Catherine Kerbrat-Orecchioni, 1998). La capacité à réaliser ces inférences pose des interrogations du point de vue de la didactique des langues étrangères.
Le 49e Congrès de l’UPLEGESS invite à considérer ces paramètres dans l’apprentissage d’une langue étrangère. Par quels moyens peut-on faciliter le développement de la compétence interprétative, le passage de l’implicite à l’explicite, chez les apprenants de langues étrangères dans les contextes des Grandes écoles et des universités ? Comment les préparer à interpréter correctement les contenus voilés dans les différents échanges de la vie quotidienne et professionnelle ?
Du point de vue interculturel, selon les cultures, beaucoup d’éléments sont non exprimés. Ils représentent une sorte de code secret qu’il faut apprendre à déchiffrer lorsqu’on apprend une langue-culture. Il existe un niveau de culture sous-jacent caché et très structuré, un ensemble de comportement et de pensées non dites, implicites, qui contrôlent tout ce que nous faisons. Cette grammaire culturelle cachée détermine la manière dont les individus perçoivent leur environnement, définissent leurs valeurs et établissent leur cadence et leurs rythmes de vie fondamentaux (E. Hall, 1984). Un nombre important de problématiques sont dès lors possibles à partir de cette idée :
Les discours dans le contexte de la classe de langue étrangère constituent un terrain fertile de réflexions sur l’implicite discursif et interculturel. On peut interroger l’explicite et l’implicite du discours de l’enseignant dans ses différents rôles : formateur, médiateur, « expert ». Dans quelle mesure la transmission de savoirs passerait par des contenus explicites ? Comment s’assurer que les consignes sont bien explicites ? En ce qui concerne les interactions des apprenants, plusieurs problématiques se dégagent aussi. L’une d’entre elles pose la question de l’explicitation des stratégies d’apprentissage utilisées spontanément par les apprenants afin de les améliorer. Dans ce contexte de la classe et du point de vue plus strictement langagier, la dichotomie implicite/explicite invite à questionner à nouveau le statut de la grammaire en classe de langue étrangère. Dans quelle mesure faut-il introduire le métalangage, l’explicitation grammaticale ? Dans quelle mesure l’acquisition implicite de la grammaire à travers la mise en situation est-elle plus adaptée ?
La capacité interprétative est étroitement liée aux types de discours oraux et écrits. Du point de vue socio-discursif, chaque sphère sociale produit un discours spécifique en fonction de ses objectifs, de ses intérêts et de ses enjeux. Dans un contexte donné, un type de discours est considéré comme plus ou moins pertinent pour telle situation d’action. Ces genres de discours ont des « normes » d’utilisation explicites ou implicites ; le vouloir dire d’un locuteur doit s’inscrire nécessairement dans l’un des genres même s’il en fait usage de façon individuelle lui donnant ainsi de « légères nuances ». Un bon producteur de discours (écrit ou oral) est celui qui possède un vaste répertoire discursif et la possibilité de s’en servir dans la communication en fonction des besoins. (J.-C. Beacco, 2004). Le développement de cette compétence discursive est un enjeu fondamental pour la didactique des langues et des cultures.
– Quels dispositifs sont les plus appropriés afin de rendre les apprenants capables de s’adapter aux différents genres discursifs ?
– Quels types de discours devrait-on privilégier dans l’enseignement des langues étrangères des écoles d’ingénieurs, de management et dans le contexte universitaire ? Quelle place donner au discours scientifique, politique, professionnel, philosophique, etc. ? Quelle place donner aux différents types de débats (d’opinion, parlementaire, citoyen), aux joutes oratoires, aux genres littéraires, etc. ? Quelle place donner aux nouveaux genres de discours de la communication sur internet (réseaux sociaux, forums, blogs, etc.) ?
Les contributions attendues pour le congrès peuvent relever de deux grands questionnements étroitement liés à l’apprentissage des langues et cultures et fondés sur l’enjeu de l’implicite et l’explicite :
– Le premier porte sur le développement de la compétence interprétative
– Le deuxième interroge le développement de la compétence discursive
L’ensemble de ces questionnements concerne aussi bien les expériences et les pratiques d’enseignement, les problématiques de recherche que les pratiques managériales et institutionnelles, et il vise à permettre un dialogue et une réflexion concertée entre les acteurs impliqués dans leur diversité.
Conformément à ces objectifs thématiques, les contributions attendues sont de quatre types s’inscrivant dans l’une des catégories suivantes :
Soumission et sélection des contributions et déroulement des communications
Les auteurs s’engagent à présenter des propositions de communication inédites. Le champ disciplinaire doit être explicite et les concepts et termes-clés associés doivent être bien définis.
Certaines corrections ou modifications pourront être demandées par le Comité Scientifique du congrès, dans le but de respecter les consignes thématiques de l’appel à communications. Dans ce cas, l’acceptation définitive sera soumise au comité, en fonction du respect de ces demandes.
Les articles issus des communications du congrès peuvent faire l’objet de publication dans un livre consacré à la thématique sous réserve d’acceptation par son Comité Scientifique.
CALENDRIER
4 avril 2022 : date limite de réception des propositions de contribution
à envoyer à l’adresse suivante : uplegess.congres@gmail.com
4 mai 2022 : réponses du Comité Scientifique
20 mai 2022 : date limite de réception des résumés définitifs
et du 15 au 18 juin 2022 : tenue du 49ème congrès de l’UPLEGESS
Références bibliographiques
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