Didactique du FLES : Recherches et Pratiques, volume 4, numéro 2
Direction du numéro :
Baya Mihoubi (Université de Haute-Alsace) et Emmanuelle Chevry-Pébayle (Université de Strasbourg)
Les contributions complètes sont à envoyer à baya.mihoubi@uha.fr et chevry@unistra.fr ainsi qu’à asso.rhenane.enseignants.fle@gmail.com.
La feuille de style se trouve sur le site de la revue à https://ouvroir.fr/dfles/index.php?id=72.
L’intégration des réseaux sociaux dans l’enseignement du Français langue étrangère et seconde est devenue un outil incontournable pour améliorer l’expérience d’apprentissage (Yi & coll., 2025). Comme le notent Ollivier et Puren (2011) et Barrot (2022), les réseaux sociaux ont la capacité unique d’immerger les apprenants dans des environnements linguistiques authentiques, comblant ainsi le fossé entre l’apprentissage en classe et la communication dans le monde réel.
Des plateformes telles que Facebook, Instagram, X, TikTok, Ning, YouTube, WhatsApp, WeChat, etc, offrent aux apprenants la possibilité de dialoguer avec des locuteurs natifs, d’accéder à des contenus authentiques (Alokla, 2018) et de participer à des discussions pertinentes sur le plan culturel. Par exemple, Instagram a été utilisé efficacement pour développer du matériel pédagogique numérique pour le Français du Tourisme, en tirant parti de ses fonctionnalités créatives telles que les publications, les vidéos et les stories pour présenter du contenu lié au tourisme de manière attrayante et innovante (Yamin & coll., 2023). De même, Facebook a été mobilisé pour créer des groupes d’apprentissage virtuels où les étudiants peuvent interagir en français, partager des publications et collaborer sur des tâches, améliorant ainsi leurs connaissances culturelles et leurs compétences linguistiques (Montoneri, 2017). Nguyen et Ngo (2025) soulignent que les étudiants qui utilisent les réseaux sociaux ont tendance à développer des compétences d’apprentissage autorégulé plus poussées, telles que la recherche de ressources, l’autonomie et la participation à des communautés en ligne.
L’utilisation des réseaux sociaux facilite également la communication et l’interaction en temps réel. Les messageries et les réseaux sociaux offrent aux apprenants la possibilité de participer à des conversations spontanées, de simuler des situations de communication professionnelles et de routine et de développer des compétences générales telles que la résolution de problèmes et l’autogestion (Gartung, 2023). Ces outils réduisent non seulement le stress associé à l’apprentissage des langues, mais procurent également aux apprenants un sentiment de liberté et de productivité, en particulier lorsqu’ils participent à des activités d’écriture numérique (Hadjidj, 2024).
D’un point de vue linguistique, les réseaux sociaux se sont révélés efficaces pour développer diverses compétences linguistiques, notamment la lecture, l’écriture, la parole et l’écoute. Par exemple, Twitter a été utilisé pour améliorer la conscience socio-pragmatique et les compétences multialphabétiques des apprenants de français en les exposant à des éléments linguistiques et culturels authentiques (Blattner & coll., 2016). De même, Facebook a été mobilisé pour améliorer les compétences rédactionnelles, les apprenants produisant moins d’erreurs et ayant une confiance accrue dans leur capacité à s’exprimer en français (Hadjidj, 2024). L’utilisation des réseaux sociaux favorise également le développement des compétences de production orale et de prononciation. Des études ont montré que des plateformes telles que les blogs, les podcasts et les réseaux sociaux peuvent faciliter la création d’enregistrements audiovisuels, qui sont ensuite partagés dans des environnements Web éducatifs. Ces enregistrements améliorent non seulement les compétences de production orale des apprenants, mais offrent également des opportunités de feedback et de correction, notamment grâce à des tâches de prononciation collaboratives (Díez, 2021 ; Tomé, 2016).
L’une des contributions les plus importantes des réseaux sociaux à l’apprentissage des langues étrangères est leur capacité à favoriser la compétence culturelle et la communication interculturelle. En dialoguant avec des locuteurs natifs et en accédant à des supports authentiques, les apprenants peuvent mieux comprendre les nuances culturelles de la langue cible (Montoneri, 2017 ; Broadbridge & Charriau, 2015). Finalement, en créant des activités pédagogiques centrées sur l’apprentissage collaboratif et l’interaction sociale, les réseaux sociaux contribuent à l’émergence d’un sentiment de communauté (Mondahl & Razmerita, 2014 ; Reinhardt, 2019), d’une responsabilité partagée (Blattner & Lomicka, 2012) et d’un engagement accentué (Broadbridge & Charriau, 2015).
Toutefois, l’utilisation des réseaux sociaux pour enseigner les langues nécessite une vigilance particulière dans l’élaboration des activités pédagogiques au risque de détourner l’apprenant de son objectif d’apprentissage (Wyatt, 2013) alors qu’apprentissage formel et informel se côtoient (Pélissier & Qotb, 2012 ; Alm, 2015 ; Blattener & coll., 2016). De plus, des considérations éthiques nécessitent d’être prises en compte concernant la protection des données des mineurs ou les biais algorithmiques (représentations culturelles réductrices). Finalement, certains principes d’équité à l’accès des réseaux sociaux méritent aussi une attention spécifique au risque d’exclure certaines populations.
Afin d’approfondir les axes de recherche déjà explorés et de faire émerger de nouvelles pratiques, ce numéro sollicite des articles empiriques, théoriques ou pratiques autour des thématiques suivantes :
Apprentissage linguistique et sociocognitif :
- Comment les réseaux sociaux soutiennent-ils le développement linguistique ?
- Quels impacts sur la motivation et l’autonomie des apprenants ?
Co-création de ressources pédagogiques :
- Quelles stratégies pour transformer les réseaux sociaux en laboratoires de création collaborative (ex. capsules vidéo co-réalisées par les élèves) ?
- Analyse critique des contenus « viraux » (ex. mèmes grammaticaux) : pertinence didactique vs simplification excessive.
Interactivité et médiation enseignante :
- Rôle de l’enseignant comme « curateur » de contenus des réseaux sociaux : quelles compétences numériques et critiques développer ?
- Études de cas sur l’animation de groupes Facebook/WhatsApp dédiés au soutien linguistique
Algorithmes et personnalisation :
- Les recommandations automatisées (ex. YouTube Kids) favorisent-elles une exposition équilibrée aux variétés du français (standard, québécois, africain) ?
- Outils pour « détourner » les algorithmes au service de la diversification culturelle.
Inclusion et éthique :
- Comment garantir un accès équitable aux réseaux sociaux éducatifs pour les publics vulnérables (élèves en zone rurale, réfugiés) ?
- Gestion des données personnelles et protection des mineurs : cadres juridiques et bonnes pratiques.
Intégration curriculaire :
- Quelles synergies entre réseaux sociaux et programmes scolaires ? Exemples de projets transdisciplinaires (ex. journal en ligne bilingue sur Instagram).
- Évaluation des compétences numériques et linguistiques développées via les réseaux sociaux.
L’appel en ligne.