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Appels à contribution

Les langues des signes à la maison et à l’école : dynamiques et interactions – Date limite : 30 avril 2025

Numéro 42, publication en janvier 2026

Dirigé par Diane Bedoin et Marion Blondel

Envoi des contributions à : diane.bedoin[at]univ-rouen.fr, marion.blondel[at]cnrs.fr, glottopol[at]gmail.com

Date de publication : janvier 2026

Consignes pour la rédaction et la remise des textes : voir https://journals.openedition.org/glottopol/434

Pour ce numéro, les propositions en français et en anglais seront acceptées.

Argumentaire

La revue Glottopol a déjà accueilli deux numéros autour des langues des signes, et de la langue des signes française (LSF) en particulier, coordonnés par Richard Sabria. Le premier numéro, paru en 2006, s’intitulait “Les langues des signes : recherches sociolinguistiques et linguistiques” (n°7) et proposait un état des lieux de la recherche française sur les langues des signes, une trentaine d’années après les travaux pionniers de Cuxac (1979). Le second numéro, paru en 2016 et intitulé “Langues des signes. Langues minoritaires et sociétés” (n°27), abordait les politiques linguistiques, sociales et éducatives relatives aux langues des signes avec une dimension internationale.

Le présent numéro anniversaire, respectivement dix et vingt ans après, vise à poursuivre la prise en compte et la valorisation des recherches menées en sociolinguistique sur les langues des signes. La thématique de ce volume s’inscrit dans un contexte d’actualité des langues des signes, et de la LSF en particulier, avec de forts enjeux sociolinguistiques, notamment en lien avec la minor(is)ation, le plurilinguisme et la multimodalité, l’acquisition et l’éducation.

Si les langues des signes rejoignent en grande partie les situations de minor(is)ation culturelle et linguistique, de plurilinguisme, de multimodalité et d’éducation bilingue, elles n’ont pas toujours été analysées sous ces angles. 

Les premiers travaux linguistiques ont contribué à un effort collectif pour montrer que les langues des signes sont de vraies langues, des langues comme les autres (Tervoort, 1953 ; Stokoe, 1960 ; Klima & Bellugi, 1979 ; Nève, 1996, entre autres). Ce positionnement correspond à la recherche des universaux du langage, autrement dit des formes communes aux langues du monde, qu’elles soient audio-vocales ou visuo-gestuelles. 

Par la suite et en parallèle, un ensemble de travaux ont visé à caractériser, parmi les langues du monde, ce qui faisait les spécificités des langues des signes (Cuxac, 2000 ; Liddell, 2003, entre autres). Il s’agit d’identifier en quoi elles permettent de réinterroger les modèles linguistiques, sans comparaison systématique avec les langues vocales, y compris minoritaires.

D’autres travaux ont cherché à concilier ces deux perspectives, entre recherche des universaux et des spécificités (Millet, 2019) et défendu l’idée que les langues des signes sont des langues comme les autres langues de face-à-face et incarnées (embodied) (Blondel, 2020). Cette dernière approche permet de reconsidérer les langues dites ‘parlées’ tout comme les langues des signes et le bilinguisme associé dans leur multimodalité, en donnant toute sa place à la gestualité partagée (entre entendants et sourds) dans leur description linguistique (McNeill, 1992 ; Boutet, 2008 ; Estève, 2011 ; Morgenstern & Beaupoil, 2015, entre autres).

Par ailleurs, des travaux explorent le fait que les sourds sont non seulement membres d’une culture et locuteurs d’une langue, numériquement minoritaires et socialement minorées, mais aussi souvent bi/pluri-lingues et bi/pluri-culturels (Grosjean, 2004). Il s’agit de reconnaitre la diversité linguistique et culturelle existante au sein des différentes communautés sourdes (Bauman, 2008 ; Kusters et al., 201 ; Bedoin, 2018), en lien notamment avec les mouvements racisés, féministes et LGBTQIA+.

Par ailleurs, alors que les langues des signes sont souvent considérées comme les langues des Sourds (Mottez, 2006), seule une minorité des enfants sourds nait dans des familles sourdes, si bien que les locuteurs des langues des signes sont majoritairement entendants. Cette transmission « atypique » liée au contexte de surdité (Tuller et al., 2007 ; Garcia & Derycke, 2010 ; Bogliotti et al., 2017) a un effet sur les différentes langues et modalités en présence : le cas d’une acquisition bilingue précoce est rare en contexte de surdité et les signeurs tardifs sont plus nombreux que les signeurs précoces. L’acquisition bilingue bimodale Français-LSF varie également selon que l’enfant est sourd ou entendant, de parent sourd ou entendant (Blondel & Tuller, 2008 ; Limousin & Blondel, 2010), et cette grande variété de situations d’acquisition, de contextes familiaux et de parcours linguistiques se répercute sur l’éducation des jeunes sourds (Estève, 2011 ; Ghesquière & Meurant, 2016 ; Mugnier & Millet, 2018).

Dans le cadre de ce numéro, deux espaces d’acquisition, de transmission et de socialisation linguistique et culturelle seront abordés : la famille et l’école (Caronia, 2011). Ce sera l’occasion d’étudier les langues des signes en usage dans différents contextes d’interactions et entre tous les acteurs présents. Comment enfants et adultes interagissent-ils en fonction des situations (qu’elles soient principalement « naturelles », spontanées, institutionnelles, normatives, ou qu’elles entremêlent plusieurs de ces modes) ? Quelles sont les dynamiques langagières qui se jouent dans les cadres familial et scolaire et entre eux ? Comment l’enfant peut-elle ou peut-il construire sa place de future citoyenne signeuse ou de futur citoyen signeur à la maison et/ou à l’école et comment les adultes peuvent-ils y contribuer ? Les questions de standardisation, de normes et variations linguistiques, de langues de transmission et d’héritage seront également abordées.

Si une focalisation sur les travaux portant sur la LSF est présente, il nous semble important d’élargir la réflexion aux considérations partagées dans l’espace francophone (Belgique, Suisse, Canada, entre autres) ou plus largement à l’international sur les langues des signes qui y sont en usage.

L’appel en ligne.