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Les représentations métalinguistiques ordinaires et l’enseignement de la linguistique et de la grammaire (aux allophones) – 11-12 mars 2021

Colloque international

Réseau GreC (Grammaires et Contextualisation) et l’EA 7518 LT2D (Lexiques, Textes, Discours, Dictionnaires), CY Cergy Paris Université

L’enseignement de la linguistique (dans les formations destinées à des spécialistes) et celui d’une langue étrangère font l’un et l’autre entrer en relation des connaissances de statut épistémologique différent.

Il s’agit d’abord des connaissances « savantes » ou « académiques », dont élaboration est contrôlée du point de vue épistémologique et qui sont soumises à discussion dans la communauté scientifique de référence. Celles-ci sont précisément celles à faire acquérir dans les enseignements des sciences du langage ; dans l’enseignement des langues, elles interviennent tout particulièrement sous la forme des descriptions de référence fondant les savoirs grammaticaux à faire acquérir (quelle que soit l’efficience que l’on accorde aux activités grammaticales).

Interviennent ensuite des savoirs d’expertise. Du côté des linguistes, ceux-ci se construisent et se manifestent dans l’action sociétale, par exemple, pour la gestion des problèmes sociolinguistiques des sociétés contemporaines devenues hyper-multilingues ou pour la gestion de la néologie ; du côté de l’enseignement des langues, on considérera surtout les enseignants, acteurs de la communauté didactique des langues qui interviennent directement dans les apprentissages. Cette expertise naît de pratiques professionnelles, et coexiste dans l’espace d’enseignement avec les connaissances savantes transposées sous la forme de savoirs personnels, « consubstantiellement liés à des personnes par définition insubstituables » (Verret 1975, pp. 147-148, cité par Chevallard, p. 58) ou de savoirs empiriques, « pour autant que leur syncrétisme les voue précisément à l’acquisition globale et personnelle, par des voies intuitives de la familiarité mimétique » (ibidem).

Enfin, à côté de ces savoirs nés de la pratique professionnelle, on en peut identifier d’autres, issus eux des représentations sociales. Ces représentations de nature métalinguistique concernent les représentations globales des langues : leur simplicité ou leur « clarté » (telle qu’explorée dans le numéro 75 de Langue française (1987), leur facilité d’apprentissage… D’autres sont véhiculées par le métalexique de la langue première. Pour les locuteurs natifs du français, celui-ci est constitué par éléments comme : mot, parole, discours, réplique, cause, temps (vs time et tense en anglais), s’excuser, se plaindre, bavardage (dénomination des genres discursifs), anxiété, amertume (noms des sentiments ; Wierzbicka 1993). Ce métalexique est en mesure de constituer un dispositif catégoriel informant les processus d’acquisition  des connaissances relatives au langage et aux langues et des régularités de la langue cible (Niedzielski & Preston 1999).

Les représentations sociales ordinaires sont de nature à perturber la compréhension des connaissances qui doivent être transmises. Mais l’expertise professionnelle des enseignants a pu conduire à élaborer des réponses à ces problèmes spécifiques de transposition didactique.

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