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Toutes et tous capables en langues… et ailleurs. L’école n’est pas l’hôpital !

20 août - 23 août

16 ème université du secteur langues du GFEN

École Jean Moulin, 10 av. Vladimir Komarov, 69200 Vénissieux

L’Éducation Nouvelle, depuis ses débuts, a toujours affirmé la conviction en l’énergie créatrice chez l’enfant, héritée d’une longue tradition initiée par certains philosophes grecs, reprise par les penseurs de la Renaissance et développée ensuite par Rousseau et Pestalozzi : « l’enfant n’est pas un vase à remplir mais un feu à allumer ». Cette conviction, le GFEN la traduit dans un pari philosophique : « chaque enfant, chaque adulte, chaque peuple a des potentialités immenses trop souvent sacrifiées et insoupçonnées »[1], un postulat, « Toutes et tous capables » … à condition qu’on s’en donne les moyens. C’est donc, à travers des pratiques à visée émancipatrice, alliant l’observation, la recherche, les situations-problèmes, la coopération permettant de résoudre les conflits, de surmonter les obstacles et les contradictions, de se confronter à l’imprévu et de se construire une pensée critique… que le GFEN s’inscrit dans la lutte contre l’échec scolaire, les ségrégations, les différences quand elles sont érigées en inégalités. À l’heure où ce « pari sur l’humain… à contre-courant de l’opinion commune » a enfin trouvé l’appui de la génétique et des neurosciences, et du politique quand, « défendue au Sénat avant d’être ratifiée par l’Assemblée nationale, l’idée que « tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser » est désormais inscrite dans la loi de juillet 2013 en tant que principe de l’éducation »[2] (Bernardin, 2014), voilà que le discours institutionnel se développe dans un registre de plus en plus médical. C’est ainsi que la difficulté scolaire devient « trouble spécifique des apprentissages » (la constellation des « dys ») et « fait perdre de vue les logiques sociales, cliniques et pédagogiques en cause dans les ratés scolaires » (Savournin, 2016). Ce sont les « défaillances » individuelles qui sont pointées, le recours à la catégorie des EBEP (élèves à besoins éducatifs particuliers) qui s’accroit. Et les dispositifs proposés, comme l’appel à des spécialistes extérieurs à l’école, détruisent le métier enseignant et détournent de la nécessaire interrogation sur les difficultés d’apprentissage au sein même de la classe, quand les recherches en éducation « montrent que les inégalités d’apprentissage se construisent aussi au sein des dispositifs d’enseignement » (Morel, 2013). De la même façon, la fin de l’année 2023 a connu une nouvelle bascule (« le choc des savoirs ») signant la fin de la démocratisation scolaire (procédures de tri dès la fin de l’école et d’éviction des élèves dès la fin du collège) dont les enfants des classes populaires vont être les premières victimes. Alors que les mesures préconisées (groupes de niveau, redoublement,…) ont largement fait la preuve de leur nocivité et vont à l’encontre des recherches et même des préconisations de l’OCDE, c’est un retour au « c’était mieux avant », rétablissant une école élitiste à l’opposé des déclarations sur l’inclusion martelées ces dernières années. Et dans le domaine de la formation des adultes, la loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » présente de nombreux points très problématiques, conduisant à ce que les compétences langagières en français soient à nouveau instrumentalisées pour faire encore davantage obstacle au séjour régulier de certaines personnes migrantes. Crise de la pensée, de la démocratie et inadaptation aux défis contemporains… C’est dans ce contexte que la 16ème Université d’Été du Secteur langues du GFEN se propose d’engager une réflexion pour déconstruire d’une part, les analyses fondées sur le manque, le déficit, les obstacles que représentent les élèves « faibles, fragiles, malades, inadaptés, etc. », les injonctions à déceler, interpréter et corriger les difficultés d’apprentissage d’élèves transformés en « patients », d’autre part, les « bonnes vieilles recettes de bon sens », dont on peut faire déjà la chronique d’une catastrophe annoncée ! Les journées seront organisées autour de trois « obstacles » dont nous proposons la déconstruction et des pistes pour y faire face, en termes de pratiques, dans le domaine de l’apprentissage de la langue étrangère :

  • « Ils ne prennent pas la parole » Qu’est-ce qui « mérite » qu’on prenne la parole ? Quelles ressources pour la faciliter ? Quelles modalités de travail pour dépasser timidité, peur du risque, de l’erreur et du regard des autres ?
  • « Ils ne peuvent pas se concentrer » Quels enjeux dans les situations proposées pour retenir l’attention ? Quelles modalités de travail pour maintenir l’attention et éviter le découragement ? Qu’est-ce qui permet de convoquer l’énergie créatrice des apprenant.e.s ?
  • « Ils ne peuvent pas travailler ensemble » Est-ce rentable de travailler ensemble ? Les élèves en difficulté ne freinent-ils pas « les bons élèves » ? Quelles situations de travail complexes (situations-problèmes) pour que tout.te.s soient mobilisé.e.s et interdépendant.e.s ? Quelles régulations pour permettre le travail collectif ?

Questions et enjeux que cette Université d’Été 2024 se propose de mettre en travail, à travers les ateliers (démarches vécues dans différentes langues, projets) et les apports de la recherche, plus particulièrement cette année avec l’intervention de Jacques Bernardin, président du GFEN.

Bibliographie

BERNARDIN Jacques (2015) Tous capables ! Du pari éthique à la loi d’orientation https://www.gfen.asso.fr/images/documents/analyses/tous_cap_pari_ethique_loi_orientation_j.bernadin_revu_ en_2015.pdf MOREL Stanislas (2013) Comment la médicalisation de la difficulté scolaire détruit le métier enseignant. Le Café pédagogique, 31 octobre 2013. https://www.cafepedagogique.net/2013/10/31/stanislas-morel-comment-la-medicalisation-de-la-difficulte- scolaire-detruit-le-metier-enseignant/

SAVOURNIN Florence. De la difficulté au trouble : vers une médicalisation des difficultés scolaires ? Empan, 2016/1 (n° 101) (pp. 42-46) https://www.cairn.info/revue-empan-2016-1-page- 42.htm#:~:text=La%20m%C3%A9dicalisation%20de%20l’%C3%A9chec,%C3%A0%20peu%20impos%C3%A9e%2 0comme%20naturelle

 

 

 

Détails

Début :
20 août
Fin :
23 août
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Lieu

Vénissieux
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