Congrès de l’ARIC (Association Internationale pour la Recherche Interculturelle)
Ce XVIIIème congrès de l’ARIC forme l’ambition d’interroger notre manière « d’habiter » le monde (Boni, 2018) à l’aune des crises et bouleversements contemporains. La relation au monde y devient pour les individus un véritable défi dans une mondialisation qui s’exerce indépendamment d’eux. Crispations et incertitudes dominent les sociétés face à l’inflation des crises qui les traversent, notamment climatiques, religieuses, politiques, économiques, identitaires, culturelles, sociales, sanitaires (Covid), migratoires, etc. Ces crises peuvent même agir de façon cumulative dans des espaces-frontières d’interdépendance. Selon les contextes culturels et géopolitiques, elles confrontent les individus à des reconfigurations de leur(s) identité(s) pour y intégrer ce qui est revendiqué, subi, ou négocié. Il s’agira de traiter des composantes de ces crises et des reconfigurations qu’elles induisent en y appliquant des échelles d’analyse tant aux niveaux des subjectivités et des mobilisations collectives, que des contraintes structurelles.
Notre approche de l’interculturel vise à s’inscrire dans une perspective critique de la production épistémique des savoirs dans une modernité qui n’est plus vécue sous le régime de l’émancipation mais sous celui d’une rhétorique de la « peur » (S. Michel, 2006). Cette démarche met sérieusement à l’épreuve notre capacité à sortir d’un « champ de forces » (Foucault, 1976) où se fabriquent des logiques d’inclusion et d’exclusion de l’Autre dans un monde d’interdépendance. La valeur heuristique d’une conception du monde « pluri-vers », selon le philosophe Dussel (1965), ouvre une piste féconde d’analyse interculturelle de la modernité, notamment en forgeant une autre grille de lecture que celle ethnocentriste et dominatrice. Les chercheur-e-s et les praticien-n-e-s qui travaillent dans le champ de l’interculturel pourraient se donner pour objectif d’envisager, voire de définir, autrement leurs objets, leurs méthodes, ou plus généralement les phénomènes, leur émergence et leurs modes de manifestation.
Ce congrès de l’ARIC veut impulser un dialogue entre chercheur-e-s mais aussi entre professionnels et acteurs des sociétés civiles des pays du nord comme du sud pour saisir des processus et analyses qui intègrent les pratiques de l’interculturel à des enjeux théoriques plus larges. Ceux-ci se déclinent dans les multiples domaines de la santé (traumatismes, pandémies…), de l’environnement (dérèglement climatique…), de la politique (crise des Etats-nations, études de la paix, autochtonie…), du religieux (modernité, (dé)sécularisation…), de la migration (persécutions, crises migratoires…) de l’économique (répartition des richesses, pauvreté…), de l’éducation (inégalités, discriminations…), de la culture (arts, genre…), etc. Il privilégie, par une approche pluridisciplinaire, des dynamiques de recherche et d’actions transversales ouvertes sur les mondes méditerranéens, africains, européens, américains (nord et sud), moyens-orientaux et asiatiques.