Donner la parole aux langues pour une planète apprenante : Bilan de 50 ans d’expérience et projets d’avenir

50ème Congrès de l’UPLEGESS

– le 30 et le 31 mai 2024 à l’Ecole des Mines de Paris –

– le 29 mai et le 1er juin 2024 à Paris School of Business (PSB) –

 

Thématique générale

Ce n’est qu’en étant enseignée qu’une langue continue à vivre. Faute d’être utilisée, elle est condamnée à mourir. En apprenant une langue et en la pratiquant, l’enfant comme l’adulte contribue à perpétuer la vie de la langue apprise. Enseigner une langue revient ainsi à lui donner la parole, une parole vivante et incarnée car en amenant un locuteur potentiel à être capable de s’exprimer et de comprendre l’autre dans une nouvelle langue, l’enseignant œuvre perpétuellement pour (ré-)animer cette langue et tout ce qu’elle véhicule de représentations singulières et d’imagination fertile de notre monde.

Ce monde est aujourd’hui caractérisé par une tension toujours plus forte entre le global et le local, entre les forces globalisantes et les besoins d’enracinement. Les langues, dans leur diversité, sont les vecteurs incontournables de toute tentative de rendre cette tension productive, s’efforçant à composer un monde commun. Cet horizon est le seul désirable pour assurer la survie de l’humanité confrontée aux multiples risques de nature planétaire.

Ainsi l’enseignant de langue fait-il le même constat que l’anthropologue : « Le paradoxe du jour veut que toute absence de sens appelle le sens, comme toute uniformisation appelle la différence. C’est dans ce jeu complexe d’appels et de réponses que l’anthropologue trouve aujourd’hui ses nouveaux objets de réflexion. Il ne les avait pas oubliés derrière lui en partant à la rencontre des terres lointaines : il les découvre devant lui le jour où il constate que, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la terre est vraiment ronde. »

Vouloir « donner la parole aux langues pour une planète apprenante » résume aussi parfaitement la raison d’être et les 50 ans d’existence de l’UPLEGESS. Fondée en 1974, l’UPLEGESS s’est fixé dès le début comme objectif principal de promouvoir un enseignement de langues de qualité en se situant explicitement dans une perspective plurilingue et humaniste.

Force est de constater que le monde pour lequel sont formés aujourd’hui les étudiants a radicalement changé pendant ces cinq dernières décennies6. Dans beaucoup de domaines, nous sommes contraints de faire le constat que ces évolutions, qui impliquent des risques considérables, sont déjà irréversibles. Qu’il s’agisse de la crise écologique planétaire provoquée par nos modes de vie7 ou de l’affaiblissement de la démocratie pluraliste par manque de démocrates8, les défis à relever dans les années à venir sont majeurs.

En 1972 déjà, dans leur rapport « Les limites à la croissance », Donella et Dennis Meadows prévoyaient un certain nombre de scénarios, notamment celui de la fin de la croissance prévue environ 50 ans après la publication du rapport. Un grand nombre d’hypothèses de cette étude visionnaire sont désormais d’actualité. D’autres enjeux s’y sont rajoutés : la pandémie avec le confinement, la multiplication des guerres et leur déplacement vers l’Europe, la migration, la digitalisation de la communication, l’expansion non-maîtrisée de l’hyper-intelligence artificielle et l’augmentation inquiétante des inégalités.

 

Questionnements

L’ensemble de ces phénomènes fait surgir de nombreuses questions autour de la finalité de l’enseignement et de l’apprentissage. Comment faire face à ces défis qui marquent et influencent les étudiants dans nos classes ? Quelles conséquences thématiques et pédagogiques sont à prévoir pour l’enseignement et l’apprentissage ?

Ces questionnements et problématiques offrent un large cadre pour explorer des sujets pertinents lors de notre congrès, mettant en avant ces enjeux et défis actuels, mais aussi les opportunités et les réflexions prospectives pour l’avenir de l’enseignement des langues-cultures. L’objectif est d’encourager une réflexion globale sur cette évolution de l’enseignement dans le contexte actuel.

Le thème s’inscrit d’une part dans la vision des organisations apprenantes développée par Peter M. Senge dans « La cinquième discipline : Levier des organisations apprenantes », et d’autre part dans la compréhension du défi éducatif actuel présenté par François Taddei dans son livre « Apprendre au 21e siècle » dans lequel l’auteur propose un « mode d’emploi pour une planète apprenante ».

Les organisations apprenantes sont souvent perçues comme étant plus performantes, innovantes et résilientes, car elles sont mieux préparées pour faire face à un environnement en constante évolution, comme le nôtre. Devenir une organisation apprenante nécessite un engagement à long terme et un changement culturel significatif.

François Taddei offre une perspective contemporaine de l’éducation et explore ses possibles transformations pour mieux préparer les apprenants aux réalités du 21e siècle, en tirant parti des avancées technologiques et des méthodes pédagogiques innovantes.

Développer la capacité des enseignants à inventer en permanence des nouvelles démarches pédagogiques exige de nouvelles formes de penser et d’agir sans pour autant sacrifier les valeurs humanistes qui caractérisent l’histoire de notre association. Les questions auxquelles les communications tenteront de donner des réponses sont par exemple les suivantes :

1. Quels sont les défis actuels les plus impérieux en matière d’enseignement des langues- cultures dans un monde en constante évolution technologique, notamment avec l’apparition de l’intelligence artificielle, de la traduction automatique, et l’usage récurrent du mensonge et de la manipulation à travers la communication sur les réseaux sociaux ?
2. Si demain l’intelligence artificielle permet de converser en langue étrangère en temps réel, quelles perspectives devons-nous envisager pour nos métiers, quels changements fondamentaux opérer pour rester plus que jamais pertinents et utiles ?
3. Comment une équipe pédagogique apprenante peut-elle faciliter l’adaptation des programmes d’enseignement des langues-cultures pour répondre aux besoins changeants des apprenants ?
4. Comment l’enseignement des langues-cultures peut-il contribuer à l’émergence des compétences-clés par une formation de citoyens du monde libres, responsables et informés, en cohérence avec une planète apprenante ?
5. Quel rôle peuvent jouer les enseignants de langues-cultures pour répondre aux exigences des organisations apprenantes et aux besoins des apprenants du 21e siècle ?
6. Pour résumer toutes ces questions en une seule : comment envisage-t-on l’avenir de l’enseignement des langues-cultures à l’horizon 2050, en prenant en compte les évolutions technologiques, culturelles et sociétales ?

 

Conformément à ces objectifs thématiques, les contributions attendues sont de quatre types s’inscrivant dans l’une des catégories suivantes :

1. Analyse d’expérience : présentation du contexte et de la problématique, origines du dispositif pédagogique, présentation de ses caractéristiques principales, bilan critique et perspectives ;
2. Recherche en didactique des langues-cultures et des sciences de l’éducation : problématique, cadre théorique, contexte, questions/hypothèses, synthèse de la littérature, méthodologie, résultats, perspectives ;
3. Point de vue : problématique, thèse, arguments, exemples, perspectives ; 4. Atelier : objectifs, justification de l’intérêt pour les participants, nombre maximum de participants, déroulement des activités proposées, supports multimédia utilisés et références théoriques soutenant le dispositif.

 

Soumission et sélection des contributions et déroulement des communications

Un résumé doit être précédé d’un titre, d’une liste de mots-clés, de la mention de la catégorie retenue (l’une des quatre ci-dessus) et d’une brève présentation de l’auteur ou des auteurs (institution, fonction, domaines d’expertise et/ou de recherches …). Ce résumé doit aussi comporter à la fin une bibliographie et ne devra pas dépasser en tout une page en format A4 (Times New Roman 12).

Toutes les propositions de contribution devront être adressées au Comité Scientifique de l’UPLEGESS au plus tard le dimanche 7 avril 2024.

Le Comité Scientifique du congrès sélectionnera les contributions en prenant en compte l’originalité, la pertinence et l’intérêt pédagogique et/ou scientifique des propositions.

Les réponses relatives aux contributions acceptées seront envoyées aux auteurs pour le 28 avril 2024. Les résumés définitifs des communications, des présentations d’ateliers et des posters seront à envoyer avant le congrès, au plus tard le 12 mai 2024. La langue de communication est le français.

Chacune des communications orales durera au maximum 20 minutes et sera suivie d’une discussion d’une durée d’une dizaine de minutes.

La présentation ne doit en aucun cas prendre la forme d’une lecture d’un texte écrit. Les auteurs s’engagent à présenter des propositions de communication inédites. Le champ disciplinaire doit être explicite et les concepts et termes-clés associés doivent être bien définis. Certaines corrections ou modifications pourront être demandées par le Comité Scientifique du congrès, dans le but de respecter les consignes thématiques de l’appel à communications. Dans ce cas, l’acceptation définitive sera soumise au comité, en fonction du respect de ces demandes.

Les articles issus des communications du congrès peuvent faire l’objet de publication dans un livre consacré à la thématique sous réserve d’acceptation par son Comité Scientifique.

 

Références

Laplantine, François : Quand le moi devient autre – Connaître, partager, transformer, CNRS EDITIONS, 2012 et Penser le sensible, AGORA Pocket, 2018

Crépon, Marc : L’héritage des langues, Fayard, 2022

Augé, Marc : La condition humaine en partage, Bibliothèque Rivages 2021

Augé, Marc : Pour une anthropologie des mondes contemporains, Aubier, 1994, page 8

Eschenauer, Jörg & Sanchez Albarracin, Enrique (sous la direction) : L’ingénieur citoyen – Synergies entre les langues- cultures et les sciences humaines dans la formation de l’ingénieur du 21e siècle, Presses des Ponts, 2018

Lamri, Jérémy : Les compétences du 21e siècle – Comment faire la différence ? Créativité – Communication – Esprit Critique – Coopération, Le Lab RH, 2018

Chabot, Pascal : Traité des libres qualités, PUF, 2019

Aden, Joëlle & Eschenauer, Sandrine & Maître de Pembroke, Emmanuelle (sous la direction) : Empathie et bienveillance au cœur de l’apprenance, Editions Le Manuscrit Savoirs, 2023

Atlan, Monique & Droit, Roger-Pol : Humain – Une enquête philosophique sur ces révolutions qui changent nos vies, Flammarion, 2012 7 Schultz, Nikolaj : Mal de terre, Payot, 2022

Rosanvallon, Pierre : Le parlement des invisibles, Points Essais, 2014/2020

Meadows, Dennis : The limits to Growth, Universe books, 1972

Chancel, Lucas : Rapport sur les inégalités mondiales, World Inequality LAB, 2022

Senge, Peter M. : The fifth discipline – the art and practice of the learning organization, Doubleday, 1990

Taddei, François : Apprendre au 21e siècle, Calmann Levy, 2022

 

 

L’appel en ligne.