Le colloque international ISPEV@L 2025 cherche à explorer les interfaces entre les espaces physiques et virtuels ainsi que les nouvelles orientations de la recherche et de la pratique en matière d’acquisition des langues secondes qui émergent de ces interfaces.
Cet évènement, porté par l’équipe LIDILE, est organisé à l’occasion de l’inauguration de l’Espace des Langues, centre de recherche et d’apprentissage des langues multimodal. Cet Espace cherche à faciliter et à encourager les interactions entre les apprenants de langues, les praticiens et les chercheurs, entre les communautés et les pratiques. Il est composé d’une bibliothèque de ressources linguistiques, d’un espace d’exposition, d’une salle immersive, d’un monde virtuel et d’un espace modulable pour la pédagogie expérimentale, l’apprentissage informel et les pratiques créatives. Ce colloque souhaite promouvoir une réflexion sur les nouvelles directions en pédagogie et en recherche.
Nombre de nouvelles orientations reflètent l’influence croissante de la science ouverte, des corpus, des outils numériques et des intelligences artificielles. D’autres découlent de l’intérêt récent pour la conception et l’aménagement des espaces d’apprentissage, et de leur influence sur les manières de se rencontrer et d’interagir pour enseigner, apprendre et mener des recherches.
Cet évènement se veut fédérateur (enseignants, chercheurs, bibliothécaires, etc.) et ouvert aux nouvelles épistémologies et aux ontologies naissantes. Nous sollicitons des propositions de présentations, de tables rondes, d’ateliers et de posters sur les thèmes suivants :
Axe 1 : Espaces physiques pour l’apprentissage et la recherche
Nous appuyant sur une perspective spatiale de l’acquisition des langues (Benson, 2021), nous portons notre attention sur les espaces d’enseignement-apprentissage des langues à l’université afin d’identifier les opportunités et contraintes qui y sont présentes ainsi que les défis et la créativité pédagogiques qui en résultent. Nous souhaitons explorer les liens entre expériences et lieux d’enseignement-apprentissage (Alba et al, 2020 ; Christou et al, 2023 ; Danon, 2015). Quels sont les effets de l’espace, de l’aménagement et de l’équipement sur le choix des pédagogies et les expériences des apprenants ? Si les interactions sont au cœur des processus d’acquisition et d’apprentissage des langues (Rivens Mompean et Macré, 2017), comment les espaces contribuent-ils à la variété et à la qualité des interactions didactiques et entre apprenants ? Que ce soit dans le cadre d’un cours ou en accès libre, de quelle manière un espace peut-il suggérer des usages et comment les usagers s’emparent-ils de ces possibilités (Amann, 2022) ? Quelles influences sur les usages des espaces peuvent venir des représentations de l’apprentissage et l’enseignement des langues, et inversement ? Et si l’espace nous libérait des représentations en suggérant d’autres manières de faire, d’autres activités qui prennent en compte, par exemple, la nature incorporée du langage, l’expression créative et l’apprentissage social ?
Axe 2 : Mondes virtuels et possibilités
Les environnements, programmes et outils d’apprentissage des langues en ligne remettent en question les notions d’espace et de territoire (Benson, 2020 ; Guichon et al., 2022) ainsi que le problème de la création d’une présence à distance (Jézégou, 2014). Les expériences du monde réel sont référencées et appliquées à la conceptualisation des mondes virtuels. Les utilisateurs de mondes virtuels, qu’ils soient confirmés ou novices, peuvent utiliser des termes et des expressions qui font référence à l’expérience physique lorsqu’ils décrivent leur vécu dans un monde virtuel. Cette utilisation linguistique peut être étudiée en relation avec les questions d’incarnation de l’utilisateur et d’interaction entre les utilisateurs, les objets et les espaces dans les mondes virtuels. Une variété de types d’espaces peut exister dans les mondes virtuels, chacun suggérant des significations et des représentations liées (jeux d’évasion éducatifs, séances de tutorat virtuelles, etc.). Comment les représentations virtuelles des espaces physiques et l’agencement des espaces virtuels eux-mêmes contribuent-elles à ces nouveaux environnements d’apprentissage ? Le potentiel immersif de ce type d’environnement ainsi qu’une possible « co-expressivité parole-gestualité » (Lapaire, 2013) peuvent-ils se manifester par la conscience qu’ont les utilisateurs de leur présence dans ces espaces ? Si oui, comment signalent-ils cette conscience par des références au mouvement et au corps ? Les utilisateurs de mondes virtuels font-ils l’expérience d’une forme d’incarnation dans ces environnements, qui visent à imiter le monde réel, et comment cela affecte-t-il l’apprentissage des langues en tant que forme de « cognition située » (Duthoit, 2022) ?
Axe 3 : Interactions physique/virtuel
Les nouveaux espaces pédagogiques et collaboratifs hybrides nous poussent à considérer les interactions humain-humain et humain-machine. En créant des nouvelles conditions de possibilité, d’imagination et de fabrication, ces espaces posent la question du processus de leur mise en récit. Les interactions physique/virtuel proposent une ergonomie hybride, notamment au sein des salles immersives qui offrent la possibilité de combiner des gestuelles. Elles affectent tous les niveaux de description et d’articulation de la langue (prononciation, phonologie, génération par script, etc.).
Ces interactions donnent lieu à une conception innovante de notre enveloppe corporéale et des tensions qui l’animent de manière phénoménologique (Hansen, 2006) : immobiles nous interagissons, silencieux nous parlons, sans être vus nous voyons, sans toucher nous heurtons.
De nouvelles textualités sont encouragées par la multimodalité, passant de l’écriture manuscrite (crayon) à l’écriture numérique (clavier, écran tactile). Se pose par exemple la question de l’adaptation des graphies non latines vers des systèmes de translittération ou de transcriptions phonétiques et/ou orthographiques, et ce dans un contexte pédagogique (Haralambous, 2014 ; Allanic, 2017) et de linguistique de corpus (Pinon, 2010).
Comment nos disciplines (linguistique appliquée, sociolinguistique, analyse de discours, gestualité, traductologie, narratologie, grapholinguistique…) peuvent/doivent-elles se positionner par rapport à ces nouvelles interactions ?
Le colloque sera ainsi l’occasion de réfléchir aux questions suivantes :
Bibliographie
Allanic, B. (2017). La voie des signes : l’apprentissage de la lecture en Chine. Rennes, Presses universitaires de Rennes.
Amann, B. (2022). New School Designs and Sustainable Development. In Y. Alpaydin et C. Demirli (Eds.). Educational Theory in the 21st Century. Marrif Global Education Series, pp. 217-241.
Benson, P. (2021). Language Learning Environments. Spatial Perspectives on SLA. Clevedon, Multilingual Matters.
Christou, E., Parmaxi, A. Nicolaou A. et Pashia E. (2023). in P. Zaphiris, and A. Ioannou (Eds.). Learning Spaces in Higher Education: A Systematic Literature Review, HCII, LNCS 14041, pp. 431-446.
Danon, C. (2015). La transformation des espaces de formation à l’ère du numérique. Administration & Éducation, 146(2), pp. 131-137.
Duthoit, E. (2022). Utopie numérique en didactique des langues : vers une approche post-numérique. Humanités, Didactiques, Recherches, (2), pp. 51-61.
Guichon, N., Grassin, J.-F., Mathian, H. et Cunty, C. (2022). Représentations du processus d’inscription dans le territoire des étudiants chinois pendant leur séjour en France. Dans L. Ouvrard et C. Brumelot (Éds.). Numérique et didactique des langues et cultures (pp. 1-22). Paris, Éditions des archives contemporaines.
Hansen, M. B. (2006). Bodies in code: interfaces with digital media. New York and London, Routledge.
Haralambous, Y. (2014). A simple Arabic typesetting system for mixed Latin/Arabic documents. TUGboat: the communications of the TeX users group, 35(3), pp. 277-283.
Jézégou, A. (2014). L’agentivité humaine : un moteur essentiel pour l’élaboration d’un environnement personnel d’apprentissage. Sciences et Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Éducation et la Formation, 21, pp. 269-286.
Lapaire, J.-R. (2013). Gestualité cogrammaticale : de l’action corporelle spontanée aux postures de travail métagestuel guidé. Maybe et le balancement épistémique en anglais. Langages, 192(4), pp. 57‑72.
Pinon, C. (2010). Quel corpus peut aider à fonder la grammaire d’une langue pluriglossique ? Exemple de l’arabe contemporain. Cahiers de praxématique, 54-55, pp. 39-58.
Rivens Mompean, A. et Macré, N. (2017). The Language Centre: A dynamic space to foster the development of multiple interactions? Apprentissage des Langues et Systèmes d’Information et de Communication, 20(3).
Responsables scientifiques
Franck Barbin (Université Rennes 2, LIDILE)
William Kelleher (Université Rennes 2, LIDILE)
Marie Varin (Université Rennes 2, LIDILE)
Comité d’organisation
Franck Barbin (Université Rennes 2, LIDILE)
Clara Destais (Université Rennes 2, LIDILE)
Fanny Hervé-Pécot (Université Rennes 2, LIDILE)
William Kelleher (Université Rennes 2, LIDILE)
Anne Prunet (Université Rennes 2, LIDILE)
Marie Varin (Université Rennes 2, LIDILE)
Comité scientifique national
Clara Destais (Université Rennes 2)
Salam Diab-Duranton (Université Grenoble-Alpes)
Yannis Haralambous (IMT Atlantique)
Faisal Kenanah (Université de Caen)
Elisabeth Richard (Université Rennes 2)
Adam Wilson (Université de Lorraine)
Sévérine Wozniak (Université Lumière Lyon 2)
Comité scientifique international
Joseph Dichy (Université Canadienne de Dubaï)
Nelly Foucher Stenklov (NTNU Trondheim, Norvège)
Uri Horesh (Université de St Andrews, Écosse)
Priscilla Ringrose (NTNU Trondheim, Norvège)
Jean Marguerite Jimenez (Université de Calabria, Italie)
Agata Rozumko (Université de Bialystok, Pologne)
Daniela Francesca Virdis (Université de Cagliari, Italie)
Cathrin Ruppe (Université des Sciences Appliquées de Münster, Allemagne)
Langues du colloque
Français, anglais
Le colloque se tiendra exclusivement en présentiel.
Échéancier
Date limite d’envoi des propositions : 17 janvier 2025
Notification d’acceptation des propositions : 20 mars 2025
Modalités de soumission
Dépôt de votre proposition de communication ou de poster avant le 17 janvier 2025 sur le site :
https://ispeval.sciencesconf.org/
Envoi en parallèle à marie.varin@univ-rennes2.fr