Ce colloque international se déroulera en présence et à distance à l’Alliance française de Paris (101 bd Raspail, 75006 Paris).
En 1920, une école particulière apparaît dans le paysage universitaire du XXe siècle : l’École de préparation des professeurs de français à l’étranger (EPPFE). Nous sommes au quartier latin, alors en effervescence, et le 46 rue Saint-Jacques, situé dans le coin nord-est de la Sorbonne, accueille ses premiers étudiants. Ferdinand Brunot, qui avait dès 1894 expérimenté les cours d’été à l’Alliance française de Paris, crée la première école de formation de professeurs de français pour l’étranger. Le département DFLE de la Sorbonne Nouvelle, directement issu de cette école, a hérité de ses archives. Grâce au projet Collex-Cliodifle, les archives sont désormais numérisées et accessibles dans la bibliothèque numérique (cliquez ici pour y accéder).
Dès l’origine, le projet de F. Brunot consistait à articuler, dans un paysage académique lui-même en construction, une formation qualifiante ouverte, déjà structurée par des stages, fondée sur des compétences méthodologiques et pédagogiques bien identifiables. L’EPPFE s’inscrit d’emblée dans une configuration scientifique expérimentale que Brunot souhaitait intégrer à la Faculté des Lettres de Paris. Les influences scientifiques y seront nombreuses et la liste des élèves eux-mêmes ayant contribué à la construction scientifique du domaine est longue. Bien ancrée dans la tradition académique, l’EPPFE offre aussi une ouverture à l’altérité, car elle s’adresse aussi bien aux étudiants étrangers/internationaux qu’aux étudiants nationaux.
Le caractère patrimonial de l’EPPFE est d’autant plus intéressant qu’il se situe au cœur d’une dynamique internationale que tout le XXe siècle vient travailler de multiples manières. Créée après le choc de la Première Guerre mondiale, l’école devient entre 1945 et 1963 l’Ecole supérieure de préparation et de perfectionnement des professeurs de français à l’étranger (ESPPPFE) ; de 1963 à 1971, Institut des Professeurs de Français à l’Étranger (IPFE) ; de 1971 à 1985, UER d’Études Françaises pour l’Étranger de Paris III, et en 1985, UFR de Didactique du Français Langue Étrangère (DFLE).
Les archives font apparaître la volonté constante des acteurs de toutes ces périodes de constituer un vaste réseau international, tissé aussi bien par les élèves que par des relations inter-institutionnelles de plus en plus fines. Par ailleurs, on constate aussi, dès le début de sa création, que l’école contribue à la diffusion de l’enseignement du français, tout en laissant une place significative à la contextualisation pédagogique. Dans le cadre des grandes reconfigurations politiques du XXe siècle (Seconde Guerre mondiale, décolonisation, post-colonisation, création de l’Union européenne, etc.), elle s’adapte aux dynamiques sociolinguistiques qui modifient le statut du français et son implication politique (langue coloniale, langue officielle, langue seconde, langue de scolarisation, etc.).
L’exploration des archives de l’école renforce d’ores et déjà l’idée d’une forte continuité méthodologique et pédagogique en FLE et éclaire la profondeur historique de ce champ.
Le colloque de décembre 2022 vise à explorer les ressources de la bibliothèque numérique Cliodifle et sera l’occasion de présenter les résultats du projet Collex/Cliodifle dont il constitue la clôture.
Le DILTEC et l’équipe Collex/Cliodifle l’ont ouvert aux chercheurs qui ont contribué à cette histoire, mais également à ceux qui en ont hérité, afin de comprendre les dynamiques qui ont structuré la formation des enseignants de FLE, sans discontinuité, mais avec de fortes variations, de 1920 à 2020.