CONTEXTE DU COLLOQUE
Ce colloque est organisé par l’équipe du projet ANR RENOIR-IUT (Ressources Numériques : offre, intermédiations, réseaux en IUT), dont l’objet est d’explorer et de comprendre les pratiques situées, avec et sur les ressources, des enseignants, au sein d’un établissement d’enseignement supérieur, d’une filière, d’une équipe pédagogique, d’un champ disciplinaire, en relation avec le monde professionnel et des collectifs institutionnels ou associatifs.
LA QUESTION DE LA PROFESSIONNALISATION A L’UNIVERSITE
La question de la professionnalisation des cursus universitaires est au cœur de la Déclaration de Bologne, signée en 1999 par les universités européennes, mise en œuvre par la réforme Licence-Master-Doctorat (LMD) en 2002 en France et rappelée dans la loi sur les Libertés et responsabilités des universités (LRU) en 2007. Quinze ans plus tard, tous les types de formations de l’enseignement supérieur sont soumises à une forte exigence de professionnalisation. La réforme des formations se poursuit (INSPE, BUT, soins infirmiers et plus largement formations dans le domaine de la santé, etc.) incluant la production de référentiels de compétences.
La notion de professionnalisation est complexe et ambiguë, investie d’enjeux pluriels et de significations diverses qui font débat. Des représentations, différenciées en fonction des cursus universitaires, se construisent à la croisée des objectifs des tutelles, des attentes du monde socioéconomique, des exigences disciplinaires et des conceptions des enseignants eux-mêmes. Ces représentations font l’objet de constantes négociations et traduisent des conceptions divergentes – et parfois concurrentes –, du professionnalisme, autrement dit l’ensemble de ce qui concourt à être efficace au travail, et de la professionnalité, autrement dit l’ensemble reconnu socialement des savoirs et des capacités professionnelles d’un individu.
L’injonction de professionnalisation conduit à transformer les pratiques pédagogiques et didactiques dans l’enseignement supérieur : cas pratiques issus de situations professionnelles, traduction des plans de formations en compétences et savoir-faire, élaboration de situations d’apprentissage et d’évaluation, projet personnel et professionnel, projet tutoré, portfolio, etc. Des dispositifs tels que les stages ou l’apprentissage sont réputés contribuer à cette professionnalisation et in fine à l’insertion professionnelle. Dans le cas de la formation professionnelle continue, d’autres objectifs que l’insertion professionnelle peuvent être visés par les apprenants tels que la reconnaissance, la légitimité, la recherche de diplomation, la reconversion, etc.
PROFESSIONNALISATION ET RESSOURCES ÉDUCATIVES
Dans ce colloque, nous interrogeons particulièrement comment l’injonction à la professionnalisation dans l’enseignement supérieur influence les processus de conception et de sélection des ressources éducatives et en quoi ces processus contribuent à la professionnalisation des acteurs impliqués.
Nous entendons ici le mot « ressources » dans le sens d’éléments externes (manuels, livres, polycopiés, vidéos, sites web, logiciels…), souvent numériques (mais pas uniquement), mobilisables dans les formations. Ces ressources éducatives convoquent plusieurs références : savantes ou scientifiques, professionnelles, technologiques, etc. Elles sont utilisées dans différentes modalités pédagogiques afin d’aider à la construction de compétences opérationnelles dans l’optique de favoriser l’insertion voire la ré-insertion professionnelle.
CONTRIBUTIONS ATTENDUES
Le colloque se propose d’interroger le statut, la fonction et les usages des ressources éducatives au prisme de la professionnalisation, décliné selon différents thèmes, sans souci d’exhaustivité. Les contributions pourront par exemple aborder les dimensions pédagogiques, didactiques, socio-économiques de ces questions.