La crise sanitaire qui a débuté au printemps 2020 a contraint l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur à passer à l’enseignement à distance afin d’assurer la continuité pédagogique pour leurs étudiants. Pour ce faire, les établissements ont dû s’appuyer sur un déploiement et une utilisation massive et sans précédent du numérique. La Région Île-de-France a alors souhaité procéder à une étude exploratoire afin d’identifier les usages du numérique qui préexistaient dans les universités et les centres de formations sanitaires et sociales franciliens avant la crise sanitaire, puis d’analyser les solutions mises en place et de mesurer leurs impacts sur les étudiants et les enseignants. La Région a également souhaité mener une réflexion sur la pérennité de ces évolutions et relever les enjeux que cette période a mis en lumière au sein de la communauté de l’enseignement supérieur.
Si la crise sanitaire a joué un rôle d’accélérateur dans la transition numérique des établissements d’enseignement supérieur, celle-ci avait d’ores et déjà débuté depuis une trentaine d’années, de manière très variable d’un établissement à l’autre. Cette transformation numérique porte davantage sur les pratiques pédagogiques depuis 2013 avec la définition d’une stratégie numérique par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Dans la pratique, sa mise en œuvre repose sur un écosystème d’acteurs assez foisonnant, composé d’instances publiques de financement, d’opérateurs publics accompagnant les établissements dans leur transition numérique, d’opérateurs privés offrant aussi des services, et de nombreuses instances de concertation interne à la communauté universitaire.
Le développement des usages du numérique dans l’enseignement supérieur s’appuie sur une politique d’incitation à l’innovation pédagogique à laquelle la Région Île-de-France contribue au travers notamment de ses Trophées franciliens de l’innovation numérique dans le supérieur mis en œuvre depuis 2017. Elle participe par ailleurs à des investissements en matière d’infrastructures et d’espaces dédiés aux nouveaux usages. Néanmoins, concernant l’enseignement à distance, l’investissement des universités est resté limité et les initiatives mises en place répondaient surtout à des besoins particuliers.
À la veille de la crise sanitaire, peu d’enseignants pratiquaient déjà l’enseignement à distance ou commençaient à expérimenter des outils numériques. Des solutions ont alors dû être mises en place, d’abord dans l’urgence de façon confuse, puis consolidées, révélant par ailleurs des inégalités d’équipement et de compétences entre étudiants et entre enseignants auxquelles les établissements ont tenté de remédier avec leurs moyens.
Si les longs mois de fermeture des universités ont durablement éprouvé la plupart des personnels et des étudiants, le basculement des enseignements à distance a révélé certaines opportunités en complément des activités conduites sur place. Il a incité de plus en plus d’enseignants à renouveler leurs approches pédagogiques au profit de modalités plus adaptées aux attentes des étudiants et plus propices à leur engagement dans les études. Cependant, de nombreux freins demeurent, de nature financière, organisationnelle, culturelle et éthique. L’intérêt du numérique pour les apprentissages ne fait pas encore consensus.
Afin de poursuivre le développement du numérique de manière plus satisfaisante pour les utilisateurs, des pistes d’intervention se sont dégagées au cours des entretiens menés auprès des établissements et de leurs partenaires. Compte tenu de ses compétences, la Région pourrait se saisir des questions relatives aux infrastructures numériques et à l’immobilier, aux besoins en matériels et à l’animation de la communauté des acteurs. D’autres actions plus indirectes sont également suggérées.