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Les données en éducation – 2024

Revue internationale d’éducation de Sèvres (no 96, septembre 2024)

Sous la direction de Sylvain Wagnon et Jean-Pierre Véran.

L’utilisation des données en éducation, tout en promettant une meilleure compréhension des systèmes éducatifs, soulève des questions fondamentales concernant la qualité, l’éthique et l’impact réel de ces données. Ces demandes de données, portées par des politiques internationales et nationales, mais aussi par des instituts de recherches et des universités, permettent de parler selon certains de « management par les données » ou de « politiques fondées sur les données probantes ». Les données apparaissent aussi comme un gage de transparence, au service de plus d’« efficacité », de la classe au système éducatif tout entier, ce que vient renforcer l’essor des analyses de traces d’apprentissage.

L’abondance – ou l’absence – de données disponibles pose la question de leur élaboration, de leur choix, de leurs interprétations de manière à en tirer des enseignements pertinents. Comment s’assurer de la qualité et de la fiabilité des données collectées, surtout dans des contextes éducatifs variés et souvent complexes ?

Ensuite, l’utilisation des données en éducation met en lumière des enjeux éthiques et sociétaux. Quelles sont les intentions des promoteurs de telles données ? Quel est le rôle respectif des politiques, des chercheurs mais aussi des milieux économiques dans cette quête de données ? Comment prévenir les biais éventuels dans la collecte et l’interprétation des données au nom d’une idéologie ?

Les données en éducation suscitent enfin des interrogations quant à leur impact réel sur le terrain. Ainsi, dans quelle mesure les politiques fondées sur les données probantes se traduisent-elles par des améliorations concrètes dans les classes et dans la vie des élèves ? Comment éviter des mécanismes de contrôle excessif, mettant en péril la créativité et l’innovation dans l’enseignement et l’apprentissage ?

Ce dossier met en lumière les défis et les opportunités liés à l’utilisation des données, ainsi que les impacts potentiels sur les politiques éducatives et les pratiques pédagogiques dans six contextes très différents les uns des autres : la France, l’Afrique subsaharienne, le Québec, la Belgique, le Chili et la Nouvelle-Zélande.

Les contributions permettent de mesurer les impacts des grandes enquêtes internationales comme le Pasec, mais aussi l’existence de points aveugles dans les données collectées, tels que le soutien scolaire privé. Elles mettent également en lumière les enjeux politiques liés au choix de privilégier certaines données et d’en ignorer d’autres, ainsi que les conséquences de la standardisation de l’éducation sur la professionnalité des acteurs éducatifs. Elles permettent de percevoir comment la prise en compte des élèves et des enseignants en tant que co-constructeurs de la recherche de données éclairantes dessine de nouvelles voies pour améliorer l’enseignement-apprentissage pour toutes et tous.

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