Présentation
Faut-il enseigner la grammaire ? Et si oui, comment l’appréhender ? A quel moment ? Dans quel objectif ? A partir des quelles ressources ? Ou bien faut-il jeter la grammaire aux orties, comme certains le proposent, et ne réserver cette discipline qu’aux chercheurs et aux enseignants ? Un étudiant a-t-il besoin de comprendre « comment ça marche » pour apprendre ou bien doit-il se contenter de répéter comme un musicien sur son instrument ou un artisan avec son outil ? Faut-il laisser faire la nature comme pour l’apprentissage de la langue première ? Faut-il répondre à des questions au fil de l’eau ou construire une progression ? Faut-il se donner des objectifs modestes répondant à de situations standards du monde du travail en contexte international ou former des locuteurs qui disent ce qu’ils ressentent ? Et qu’en est-il des langues peu décrites, faiblement documentées ou moins diffusées ? Peut-on considérer que le modèle qui prévaut pour l’anglais est applicable partout ? Tout le monde peut-il se satisfaire de situations standards dans une culture internationale ?
La diversité des langues, chacune avec ses difficultés particulières, les expériences antérieures des apprenants, les conditions d’apprentissage de ces derniers ainsi que leurs objectifs forment une multitude de paramètres qui viennent se confronter aux habitudes des enseignants, à ce qu’ils savent des difficultés à franchir et à leurs convictions sur la façon de les dépasser. Les quelques éclairages apportés dans cet ouvrage reflètent cette polyphonie. Toutes les langues prises ici en exemple ont en commun d’attirer des apprenants plus par curiosité culturelle ou linguistique que pour se présenter à un examen professionnel. La question des compétences dans une situation type est pour eux moins importante que l’insertion dans un groupe social et la prise en charge de ce qu’ils disent en tant qu’individus.
Par-delà les modèles et les théories, cet ouvrage, propose de reconsidérer cette discipline tant décriée alors même qu’elle se remettait en question et, sous un autre nom, invitait à davantage de rigueur scientifique et méthodologique. Débarrassée de son rôle de filtre social et de considérations subjectives, peut-on de nos jours considérer la grammaire comme un outil et non comme une contrainte ? Et si oui, comment ?
Nous recommandons particulièrement le chapitre d’Odile Racine, »Conception d’un Cursus de Grammaire swahili Langue étrangère en Contexte contraint », disponible en ligne.