Colloque en l’honneur et en présence de Jacqueline Guillemin-Flescher à l’Université Paris-Est Créteil
Ce colloque propose de faire un état des lieux de la linguistique contrastive en rendant hommage à la contribution majeure de Jacqueline Guillemin-Flescher dans ce domaine.
Étudier la relation entre les langues a toujours constitué un enjeu majeur pour les linguistes, traductologues, théologiens et littéraires. Dans l’article « Théoriser la traduction », J. Guillemin-Flescher (2003) présente la spécificité des méthodes, objets et finalités des différentes approches, tout en montrant en quoi la linguistique a sa place dans l’évolution de la traductologie.
La perspective diachronique comparatiste a progressivement laissé place à l’étude de la traduction comme objet scientifique d’accès à l’activité de langage. J. Guillemin-Flescher, à l’origine de la branche énonciative de la linguistique contrastive, utilise un ensemble de textes traduits pour « déterminer de façon objective les normes intériorisées qui conditionnent le texte cible » (Guillemin-Flescher 2003 : 12). Il a souvent été reproché à cette approche d’ignorer la dimension interculturelle de la traduction : « (…) la traduction ne saurait relever de la seule linguistique, dans la mesure où c’est aussi une modalité de communication interculturelle, avec tout ce que cela implique, bien au-delà des formes linguistiques dont elle part, et dans la mesure où elle renvoie à tout un travail psycho-cognitif qui sous-tend le transfert interlinguistique. » (Ladmiral, 2006 : 8). Or opposer traductologie et linguistique contrastive équivaut à ne pas tenir compte de leurs particularités respectives (objets de recherche, méthodologies, par exemple). Les résultats obtenus en linguistique contrastive contribuent à enrichir la pratique des traducteurs et parallèlement, les phénomènes mis en évidence par les traductologues élargissent la vision parfois restreinte des linguistes sur le processus de traduction.
J. Guillemin-Flescher a formé, en France et en Europe, nombre de contrastivistes dont les travaux portent sur les « schémas discursifs intériorisés (…) qui diffèrent d’une langue à l’autre. » (Guillemin-Flescher, 1996 ). Comme le rappelle Maryvonne Boisseau (2016 ) ces schémas interrogent la place du style dans l’analyse linguistique, autre point de divergence entre traductologues et linguistes contrastivistes. J. Guillemin-Flescher exclut le paramètre du style de ses analyses dans la mesure où elle considère que tout effet de style est conditionné par la grammaire et fait partie intégrante du langage. Ainsi les linguistes contrastivistes, outre le travail sur la traduction, cherchent à définir une théorie généralisante sur le langage et à dégager des opérations langagières à l’œuvre dans le discours.
Ainsi la linguistique contrastive est devenue une méthode reconnue de comparaison des langues sources et cibles jusqu’à faire son entrée dans les concours de recrutement des enseignants. Le rapport de jury du CAPES rénové de 2014 (anglais) stipule qu’« il s’agit (…) d’apprécier la capacité du candidat à transmettre les connaissances et compétences qui sous-tendent la réflexion dans le passage d’une langue à l’autre à travers son maniement des formes et ressources des deux langues dans un contexte d’utilisation donné. » De plus, en 2019, les Instructions Officielles pour l’enseignement de l’anglais en classe de seconde mentionnent explicitement le recours à la linguistique contrastive :
L’élève est conduit à mobiliser ses connaissances de la langue française et des autres langues afin de mieux saisir la différence ou la proximité avec la langue étudiée. La comparaison entre les langues et leurs systèmes respectifs favorise une approche plurilingue de l’apprentissage.
Ce colloque, ouvert à toutes les langues, propose de réunir des communications qui répondraient, par exemple, aux questions suivantes :
– Quelle est la place de la linguistique contrastive dans la linguistique générale au niveau national et international en 2021 ? Quelle évolution depuis le milieu du 20ème siècle ?
– Dans quelle mesure la linguistique contrastive serait-elle une linguistique appliquée ?
– La terminologie souvent multiple pour désigner l’étude des contrastes des systèmes linguistiques (linguistique comparée, traductologie, pragmatique contrastive, sémantique contrastive) ne trahit-elle pas une difficulté à délimiter ce qui définit en pratique la linguistique contrastive ?
– En quoi se distingue-t-elle de la grammaire comparée ?
– Quelle est la place des corpus numériques ?
– Quel est le lien entre la linguistique contrastive appliquée aux concours et celle pratiquée en recherche ?
– Quel est le niveau d’expertise du chercheur dans sa langue première ? La formation unilingue en langue étrangère pose-t-elle problème ?
– Quelle est la place de la linguistique contrastive dans la formation des (futurs) enseignants de langue étrangère du secondaire ?
Conférencières :
– Jacqueline Guillemin Flescher, Professeur Émérite, Université de Paris.
– Raluca Nita, MCF, Université de Poitiers.
Comité d’organisation :
Françoise Doro-Mégy (Université Paris-Est Créteil)
Agnès Leroux (Université Paris-Nanterre)
Comité scientifique
Maryvonne Boisseau (Université de Strasbourg)
Valérie Bourdier (Université Paris-Est Créteil)
Agnès Celle (Université de Paris)
Catherine Chauvin (Université de Lorraine, Nancy)
Hélène Chuquet (Pr. Ém., Université de Poitiers)
Lucie Gournay (Université Paris-Est Créteil)
Daniel Henkel (Université Paris 8)
Laure Lansari (Université de Paris)
Rudy Loock (Université de Lille)
Raluca Nita (Université de Poitiers)
Olivier Polge (Université de Limoges)
Bruno Poncharal (Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3)
Jean Szlamowicz (Université de Bourgogne)
Henri Wyld (Université de Cergy-Pontoise)