EDL/FLLTR n° 41
Le métier d’enseignant·e est unique dans le sens où un individu se trouve seul face à tous ses composants: les attitudes devant un groupe d’appenant·e·savec leurs besoins et leurs attentes, les choix pédagogiques, les corrections, l’évaluation, les relations avec les parents, la hiérarchie, les collègues, etc. Cette solitude peut être assimilée à de la liberté, de l’individualisme et a d’ailleurs été renforcée par l’épidémie de covid, en raison du recours à l’enseignement à distance, au face-à-face avec une machine et un public virtuel. La liberté pédagogique est fréquemment revendiquée par le corps enseignant, pour diverses raisons, mais elle est souvent associée, de façon négative, à un comportement individualiste ainsi qu’à une réticence à fonctionner en collectif. Cette situation risque aussi d’engendrer un sentiment de solitude, qui peut être positif lorsqu’elle est choisie mais également causer de la souffrance lorsqu’elle est subie. Selon Cartier (2018),“La pratique pédagogique est très souvent un acte solitaire. Une classe, un jour, une heure, un adulte, un public de la maternelle à l’université. Difficile de sortir de ce cercle dans lequel on peut s’enfermer”. Enquêtes et rapports ont mis en évidence ce sentiment de solitude. Yelnik (2016) pose la question: “La solitude des enseignants : se sentir seul ou en capacité d’être seul?”. Le constat semble encore valide actuellement. Longuet (2022: 10), dans un rapport au Sénat, souligne que “les enseignants français souffrent d’un sentiment d’isolement et d’absence de collaboration. La France fait partie des pays de l’Union européenne où les enseignants collaborent le moins entre eux”. En parallèle, et comme remède contre l’isolement, les approches qui misent sur le travail de groupe, les projets, la transdisciplinarité, la mutualisation des ressources, des outils et des idées sont plébiscitées par les enseignant·e·s qui ont compris combien les échanges sont enrichissants, même si ce n’est pas toujours simple à mettre en œuvre et à condition que tout le monde “joue le jeu”.
La solitude frappe également le secteur de la recherche, particulièrement en langues étrangères. Réaliser une thèse est l’exemple parfait de l’individualité/individualisme, même celles qui sont effectuées dans des cadres collectifs comme la recherche-action. Pour l’écriture d’articles, l’expérience n’est pas plus confortable car, dans notre domaine, la plupart des contributions est individuelle. Qui dit recherche, dit solitude. Le collectif paraît alors être une utopie et, pourtant, à côté du parcours individuel, il peut y avoir un travail participatif pour l’apprenti·e chercheur·e (Lejeune, 2016), à condition que les échanges puissent fonctionner. Les rencontres et les collaborations éviteront l’isolement et ne seront que bénéfiques.
Le positionnement de l’individu au sein d’un collectif dans l’enseignement et dans la recherche pose de nombreuses questions, mais certains sujets demeurent encore délicats, voire tabous. Il nécessite davantage d’investigations sur les fonctions d’enseigner et le rôle social, les postures des enseignant·e·s, le mal-être et l’affect, etc., ceci de plusieurs points de vue: didactique, pédagogique, psychologique, sociologique. Quelques axes sont proposés :
Activités pédagogiques participatives, projets collectifs interdisciplinaires
Système(s) éducatif(s)
Solitude assumée vs. solitude subie
Remèdes individuels/collectifs
Prise de risque
Atouts et inconvénients de l’ère numérique
Les contributions peuvent se faire en français ou en anglais, sans phase de proposition. Les articles (entre 6 000 et 10 000 mots) aborderont un des aspects de la problématique pour le numéro 41de la revue Études en didactique des langues et devront respecter la feuille de style. Ils devront être adressés par courrier électronique avant le 30 juin2023 à edl@lairdil.fr. Le numéro paraîtra en décembre 2023.